Mur de viornes divines
que je ne vois pas
elles sentent la blancheur
du lointain
la chrysocolle
elle
ni étrange ni précieuse
je la contemple dans ma main
l’ignare
tait sa parole bleue
de petite roche
amoureuse
j’éteins la lampe
je te salue
fidèle
Madeleine Gagnon, Les Fleurs du catalpa, in A l’ombre des mots, poèmes 1964-2006, L’Hexagone, 2007, p. 199
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Un jour eut lieu le premier grand départ vers les lointains ailleurs. C’était en remontant la route, à l’envers du courant. La rivière passée, devant l’immense étendue d’eau qui tournait sur elle-même depuis son centre, faisant des plis jusqu’à la rive, l’enfant entendit « ce sont des vagues. » Ce mot-là est resté déroulé en arpège dans l’oreille, et cette phrase de la grand-mère : « C’est la neuvième merveille du monde. » C’était le lac Matapédia qui s’étendait, étale, jusqu’à la nuit des temps. Plus tard il fut connu que chaque pays possédait sa "neuvième merveille", chaque coin de pays même, de sorte que la terre entière s’en trouvait remplie.
Madeleine Gagnon, Là où les eaux s’amusent, in A l’ombre des mots, poèmes 1964-2006, L’Hexagone, 2007, p. 475
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Lire d’emblée
chaque chapitreEntrer en fulgurance
(c’est un legs
à tout prendre)Puis étudier les détails
La syntaxe minérale
la grammaire
le lexique
l’alphabet
Madeleine Gagnon, Rêve de pierre, in A l’ombre des mots, poèmes 1964-2006, L’Hexagone, 2007, p. 621
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Une présence
qui ne se nomme pas
dans l’immédiatC’était un chemin
mais un chemin de rien
ni personneLe big-bang
laisse-le aux savant
l’Univers est né
d’un silence trop grandVenu à l’ouïe
seule
de la poésie
Madeleine Gagnon, Il y a du temps, inédits 2006, in A l’ombre des mots, poèmes 1964-2006, L’Hexagone, 2007, p. 705
Bio-bibliographie de Madeleine Gagnon
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