Le magazine de référence de l'amateur ... de Bordeaux!

Par Olif

Banzaï! Il fallait s'y attendre! J'ai déclenché un tsunami-bonsaï en "m'attaquant" à une icône de la presse du vin en France, la RVF, Revue des Vins de France, pour ne point la nommer, auto-proclamée "le magazine de référence de l'amateur". Pas loin d'une trentaine de commentaires suite à l'article, pour beaucoup plutôt positifs (ouf!), des réactions un peu partout dans la Bloglouglou (là, encore là) ou sur les forums (DC et LPV),  voilà mon audience dopée pour le meilleur et/ou pour le pire, ce qui pourrait bien justifier quelques éclaircissements, pour ne pas dire une mise au point à destination des myopes de mes intentions. Loin de moi l'idée d'avoir voulu crier gratuitement "Haro sur le Saverot!". Une revue qui se veut la référence de l'amateur ne peut pas impunément mépriser une bonne partie de son lectorat sans essuyer quelques coups de plumes bien sentis. Alors non, je ne trouve pas la charge trop lourde, mais plutôt stimulante! Elle démontre en tous cas que la RVF est un bon sujet de conversation au sein de la communauté des amateurs, à défaut d'en être la référence.

Si je revendique bien être un "gentil garçon aux textes humoristico-drolatiques", je n'accuse ni ne dénonce rien, ni personne. Je me borne à constater et n'ai donc nul besoin d'être journaliste, critique de vins ou dégustateur chevronné assermenté pour pointer les contradictions d'un journal censé s'adresser à l'amateur (moi, par exemple, entre autres). Je n'ai jamais remis en question la compétence des dégustateurs de la RVF, je leur reproche simplement de s'accrocher à un passé désormais révolu, où eux seuls pouvaient donner quelques clés à l'amateur. Le mode du vin a évolué, Internet a changé la donne et si Magnum Vinum a ouvert la voie aux échanges forumesques sur le vin, la RVF est resté à quai après avoir quitté le navire. Nier ou regretter cette évidence, c'est plutôt has been, je trouve!

Lu ailleurs, sur un forum, je n'ai jamais non plus prétendu que les amateurs (et moi en particulier) pouvaient se substituer aux critiques professionnels (de la RVF, entre autres). Quelle ineptie! Je voulais juste souligner que ceux-ci avaient de plus en plus les moyens de s'en passer pour se confronter à leur propre expérience. Ce qui n'en fait nullement les nouveaux gourous de la Bloglouglou, pour peu qu'ils publient leurs appréciations sur le Net, mais simplement une source d'information supplémentaire à consulter. Après, s'exprimer sur un forum ou sur un blog, c'est selon son degré de mégalomanie. Il est cependant plus facile d'affirmer son caractère dominateur au sein d'une communauté que lorsque l'on est tout seul. Mais évidemment, je caricature.

Ceci dit, et c'est l'objet de ce billet de rappel, il n'est pas impossible que la RVF ait du souci à se faire vis à vis de la concurrence, la vraie, celle des  journaux de papier écrits par des professionnels de la profession et qui pourraient bientôt chercher à devenir référents auprès de l'amateur. Un qui l'est déjà, auprès des amateurs de Bordeaux, c'est ... l'Amateur de Bordeaux, qui revient depuis peu avec une nouvelle formule, un peu moins bling-bling (c'est tendance!), un peu plus généraliste, même si Bordeaux reste majoritaire. Au menu de ce tout nouveau numéro, un gros dossier sur les Rosés (c'est tendance aussi), une interview rentre-dedans de Bernard Magrez, un "libre propos" de Michel Bettane, des conseils pour l'achat des primeurs 2008, des analyses météo dans les grands vignobles français pour les deux mois qui viennent de s'écouler (une nouveauté plutôt sympa). Et puis, de façon qui parait naturelle, une double page sur l'Internet du vin, avec quelques adresses Web qui méritent d'être signalées. Comme par hasard, mais ce n'était pas prémédité, on y trouve un "blog hautement recommandable" pour son style "enlevé". C'est signé Véronique Raisin, la Picrocoleuse, et ça me fait plaisir de me retrouver cité dans cette rubrique en compagnie du Glougueule de Sylvie Augereau et Cie.

L'autre magazine qui pourrait devenir une référence généraliste, c'est Terre de Vins, le journal des saveurs et des terroirs du Sud, qui envisage à la fois de s'étendre à toutes les saveurs et tous les terroirs, ainsi que d'envahir la toile. En attendant, Terre de Vins est une approche du beau et de l'esthétisme, dans le verre et dans l'assiette, avec un accent sudiste, et fête ses 10 ans avec ce dernier numéro de juin 2009, associant vin et sensualité. On y apprend notamment que le Pomerol Certan de May 1959 en demi-bouteille est un aphrodisiaque hors du commun! Il faut cependant s'appeler Andreas Larsson, meilleur sommelier du monde en 2007, pour juger de tous les effets.

On y découvrira également une jolie sélection de Cinsault, purs ou en assemblages, ce qui en soi n'est pas banal, ainsi qu'une escapade du côté de Vacqueyras.

La presse œnologique n'a donc pas encore dit son dernier mot et je suis le premier à m'en réjouir. On y parle d'Internet, Internet parle de la presse papier, tout est bien qui finit bien, non?

Olif