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Sujets du bac de philosophie 2009 : Schopenhauer, l'échange, l'impossible

Publié le 18 juin 2009 par Actualitté
On apprend ce matin même que les professeurs qui devaient corriger les copies rechignaient cette année, en estimant que 150 copies en une semaine, c'est trop, et qu'ils manquent de temps pour le faire.
Mais cela n'arrêtera pas les élèves qui depuis quelques minutes planchent désormais sur leurs sujets de philo. Pour les séries L, ES et S, les sujets que les 622.322 candidats affrontent actuellement viennent de tomber. Juste pour mémoire, la série L représente 17 % des aspirants, ils sont 32 % en ES et bien évidemment, les S prennent le reste, avec 51 % des inscrits.
Pour la série L, donc, ça planche actuellement sur l'un de ces deux sujets
  • Le langage trahit-il la pensée ?
  • L'objectivité de l'histoire suppose-t-elle l'impartialité de l'historien ?
En ES, c'est sur ces deux autres que l'on peut se prendre la tête :
  • Que gagne-t-on à échanger ?
  • Le développement technique transforme-t-il les hommes ?
Enfin, en S, les courageux affrontent ceux-ci :
  • Est-il absurde de désirer l'impossible ?
  • Y a-t-il des questions auxquelles aucune science ne répond ?
On remarquera à quel point les sujets sont encore une fois sérieusement orientés pour rejoindre les centres présumés d'intérêt des élèves.
En outre, deux textes sont annoncés pour l'explication.
Pour les élèves de L, c'est Schopenhauer, avec un extrait tiré de Le monde comme volonté et comme représentation.
Sujets du bac de philosophie 2009 : Schopenhauer, l'échange, l'impossible« Il n'y a pas de satisfaction qui d'elle-même et comme de son propre mouvement vienne à nous ; il faut qu'elle soit la satisfaction d'un désir. Le désir, en effet, la privation, est la condition préliminaire de toute jouissance. Or avec la satisfaction cesse le désir et par conséquent la jouissance aussi. Donc la satisfaction, le contentement ne sauraient être qu'une délivrance à l'égard d'une douleur, d'un besoin ; sous ce nom, il ne faut pas entendre en effet seulement la souffrance effective, visible, mais toute espèce de désir qui, par son importunité, trouble notre repos, et même cet ennui qui tue, qui nous fait de l'existence un fardeau.
Or c'est une entreprise difficile d'obtenir, de conquérir un bien quelconque ; pas d'objet qui ne soit séparé de nous par des difficultés, des travaux sans fin ; sur la route, à chaque pas, surgissent des obstacles. Et la conquête une fois faite, l'objet atteint, qu'a-t-on gagné ? Rien assurément, que de s'être délivré de quelque souffrance, de quelque désir, d'être revenu à l'état où l'on se trouvait avant l'apparition de ce désir.
Le fait immédiat pour nous, c'est le besoin tout seul c'est-à-dire la douleur. Pour la satisfaction et la jouissance, nous ne pouvons les connaître qu'indirectement ; il nous faut faire appel au souvenir de la souffrance, de la privation passée, qu'elles ont chassées tout d'abord. Voilà pourquoi les biens, les avantages qui sont actuellement en notre possession, nous n'en avons pas une vraie conscience, nous ne les apprécions pas ; il nous semble qu'il n'en pouvait être autrement ; et, en effet, tout le bonheur qu'ils nous donnent, c'est d'écarter de nous certaines souffrances. Il faut les perdre pour en sentir le prix ; le manque, la privation, la douleur, voilà la chose positive, et qui sans intermédiaire s'offre à nous
. »
Pour les S, on se penche sur Toqueville, avec De la démocratie en Amérique.
Sujets du bac de philosophie 2009 : Schopenhauer, l'échange, l'impossible« Les affaires générales d'un pays n'occupent que les principaux citoyens. Ceux-là ne se rassemblent que de loin en loin dans les mêmes lieux ; et, comme il arrive souvent qu'ensuite ils se perdent de vue, il ne s'établit pas entre eux de liens durables. Mais quand il s'agit de faire régler les affaires particulières d'un canton par les hommes qui l'habitent, les mêmes individus sont toujours en contact, et ils sont en quelque sorte forcés de se connaître et de se complaire.
On tire difficilement un homme de lui-même pour l'intéresser à la destinée de tout l'État, parce qu'il comprend mal l'influence que la destinée de l'État peut exercer sur son sort. Mais faut-il faire passer un chemin au bout de son domaine, il verra d'un premier coup d'oeil qu'il se rencontre un rapport entre cette petite affaire publique et ses plus grandes affaires privées, et il découvrira, sans qu'on le lui montre, le lien étroit qui unit ici l'intérêt particulier à l'intérêt général.
C'est donc en chargeant les citoyens de l'administration des petites affaires, bien plus qu'en leur livrant le gouvernement des grandes, qu'on les intéresse au bien public et qu'on leur fait voir le besoin qu'ils ont sans cesse les uns des autres pour le produire.
On peut, par une action d'éclat, captiver tout à coup la faveur d'un peuple ; mais, pour gagner l'amour et le respect de la population qui vous entoure, il faut une longue succession de petits services rendus, de bons offices obscurs, une habitude constante de bienveillance et une réputation bien établie de désintéressement. Les libertés locales, qui font qu'un grand nombre de citoyens mettent du prix à l'affection de leurs voisins et de leurs proches, ramènent donc sans cesse les hommes les uns vers les autres, en dépit des instincts qui les séparent, et les forcent à s'entraider
. »
Il ne reste plus que deux heures aux lycéens pour achever l'un des sujets choisis, et affronter en suivant les autres épreuves...

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