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Avec vue sur la rentrée littéraire (28) - Laffont

Par Pmalgachie @pmalgachie
La rentrée littéraire des Éditions Robert Laffont, c'est aussi celle des Éditions Julliard. Mais, pour ne pas précipiter le mouvement, je vais faire les choses en deux temps, en commençant par la première. Qui, depuis des années, se trouve un peu en retrait dans le domaine français mais reste très présente grâce à des traductions et à sa collection Bouquins. C'est du moins l'impression que ça donne, et peut-être faudrait-il y aller voir de plus près. Première occasion de le faire, tout de suite.
Patrick Poumirau, Emportez-moi (20 août)
Venu à Londres pour déposer le manuscrit de son premier roman à son éditeur, Félicien Ramuz est pris en embuscade lors d'une attaque antiterroriste dans le métro. Il comprend bientôt que c'est lui qu'on vise, lui le terroriste présumé. Il reçoit plusieurs balles dans le corps, s'effondre. Panique dans la station, cris, hurlements, on s'approche du «corps». Dans le vacarme, Ramuz essaie de se faire entendre, de clamer son innocence, sa bonne foi. En vain. Il voudrait comprendre. Pourquoi lui? Que lui reproche-t-on? Dans une semi-conscience, et pendant que les secours s’activent, il fixe une dernière fois en mots ce que fut sa vie, contemple le visage de sa mère, revit des bribes d’enfance. Surtout, il voit les yeux rieurs de Clémentine... L'univers de Poumirau est à la fois d’une simplicité brute et d’une immense intensité.
Armel Job, Tu ne jugeras point (20 août)
Pressée, Denise Desantis est entrée dans un magasin en laissant la poussette de son dernier-né devant la porte. Quand elle ressort, la poussette est vide. La disparition d’un enfant de treize mois est toujours une affaire douloureuse et le juge Conrad entend mener cette enquête avec le maximum de rigueur. Ses investigations commencent par l’interrogatoire de Denise Desantis. Mère de quatre enfants, épouse d’un ouvrier sans grand caractère, elle vit pauvrement mais dignement dans sa petite maison de banlieue. Une femme sans histoires. Et pourtant… Derrière sa détresse, le juge est intrigué par la rigueur et la minutie de son témoignage. Au fil des jours, alors que tout prouve son innocence, une question taraude le juge: est-il possible que cette femme ait tué son enfant?… À travers la plupart de ses romans (Les Fausses Innocences, Les Mystères de sainte Freya), Armel Job fait le portrait de ces personnages coupables aux yeux du monde et qui dissimulent une réalité tout autre.
Anne Icart, Les lits en diagonale (20 août)
Il a cinq ans de plus qu'elle, et il est son grand frère adoré. Anne a sept ans à peine quand sa mère lui dit que Philippe est malade, et qu'il ne guérira pas. Qu'il faudra toujours veiller sur lui. L'aimer plus fort que les autres. De ce jour, elle va grandir le coeur accroché à son frère, son «héros aux ailes brisées», handicapé mental. Comme des instantanés ultrasensibles de leurs vies, les souvenirs affluent, mêlant passé et présent, parfois cruels et douloureux, le plus souvent tendres et joyeux, voire cocasses. Et avec eux des sentiments extrêmement forts, le désir sauvage de protéger, la honte, le remords, la rage impuissante, la culpabilité, la peur, la difficulté à construire sa vie à soi – mais surtout l'amour, cet amour plus fort que les autres. Portée par une écriture lumineuse, l’émotion vous prend dès les premières pages et vous mène d’une traite au bout de ce récit qui touche en plein coeur: c’est rare.
Carlos Ruiz Zafon, Le jeu de l'ange (20 août)
Traduit de l'espagnol par François Maspero
Dans la turbulente Barcelone des années 1920, David, un jeune écrivain hanté par un amour impossible, reçoit l’offre inespérée d’un mystérieux éditeur: écrire un livre comme il n’en a jamais existé en échange d’une fortune et, peut-être, de beaucoup plus… Mais du jour où il accepte ce contrat, une étrange mécanique de destruction se met en place autour de lui, menaçant les êtres qu’il aime. En monnayant son talent d’écrivain, David aurait-il vendu son âme au diable? Pour reprendre sa liberté, il puise ses forces dans la Barcelone envoûtante du Cimetière des livres oubliés, où se côtoient des êtres abandonnés de l’humanité mais aussi les personnages attachants, uniques, puissants, à l’image ce ceux qui ont fait de L’Ombre du vent un immense succès international.
Yves Viollier, Aide-toi et le ciel... (3 septembre)
À Moutiers, au coeur de la Vendée, Marie a regroupé, dans le cadre d’une mission épiscopale, une dizaine d’adolescents en proie à de graves difficultés personnelles. En leur insufflant sa foi et en les intéressant à un projet collectif, elle s’efforce de leur redonner le goût et la force de vivre. Veuve, Marie a élevé seule son fils Simon qui, à dix-sept ans, est parti à Haïti travailler dans une ONG. Il a découvert dans ce pays martyrisé une misère qu’il n’avait pas imaginée. Un jour, il a cédé à l’insistance d’un de ses tout jeunes protégés et l’a emmené avec lui dans un des quartiers les plus dangereux de Port-au-Prince. L’enfant a été enlevé puis assassiné. Fortement traumatisé, Simon a été rapatrié en France et sa mère s’est convaincue que le retour au pays lui permettrait de surmonter ce deuil… Jusqu’au jour où, désespéré, il se jette par la fenêtre de sa chambre. Yves Viollier est un des rares romanciers qui osent traiter des déchirements que doivent surmonter, en permanence, les catholiques de notre temps, écartelés entre les exigences de leur foi et les défis du monde contemporain.
Margaret Atwood, Le fiasco du Labrador (17 septembre)
Traduit de l’anglais (Canada) par Michèle Albaret-Maatsch
Imaginez un grand album de photos que feuilletterait Margaret Atwood, retraçant le parcours d'une existence au gré de ses souvenirs. Apparaissent ainsi tour à tour les personnages clés de sa vie: son compagnon, les enfants et l'ex-femme de ce dernier, leur fille, sa petite soeur, son père, sa mère... À travers la voix de Nell, la narratrice, qui s'exprime tantôt à la première, tantôt à la troisième personne, se répondent d'une nouvelle à l'autre moments cruciaux et anecdotes qui tissent au final, sur soixante ans, la chronique d'une famille canadienne, depuis le Toronto d'après guerre jusqu'à une ferme d'aujourd'hui dans la campagne de l'Ontario. Onze nouvelles, onze petits bijoux d’humour caustique et d’humanité: au sommet de son art, la grande Margaret Atwood nous offre son livre le plus autobiographique, et le plus touchant. Un très grand cru.
Robert Sawyer, Rollback ("Ailleurs et demain", 17 septembre)
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Patrick Dusoulier
En 2010, le programme SETI (Search for Extraterrestrial Intelligence) aboutit. Non seulement un message venant de l’étoile Sigma Draconis, distante de dix-huit années lumière, est capté mais il est décrypté, non sans mal, par Sarah Halifax. Une réponse est envoyée. Trente-huit ans plus tard, en 2048, un second message de Sigma Draconis est intercepté. Puis crypté. Qui pourra le décoder, sinon Sarah Halifax? Seul problème: elle a désormais quatre-vingt-sept ans… Cody McGavin, que l’industrie des robots a rendu multimilliardaire, est prêt à offrir à Sarah un «rollback», une réjuvénation qui lui permettra de recouvrer ses vingt-cinq ans, même si l’opération coûte une fortune. Sarah n’accepte qu’à la condition que Don, son mari, ingénieur du son retraité, bénéficie de la même chance: le traitement n’aura pas le même effet sur chacun d’eux…
Jordi Bonells, Dictionnaire des littératures hispaniques. Espagne et Amérique latine ("Bouquins", 17 septembre)
Voici le premier dictionnaire en langue française des littératures de langue espagnole.
Autour de vingt spécialistes, ce sont près de cent cinquante universitaires renommés qui ont contribué à faire de ce livre une somme unique sur les littératures hispaniques. Des universitaires français, mais aussi argentins, chiliens, colombiens, espagnols, portoricains, salvadoriens, uruguayens et vénézuéliens ont croisé leurs regards pour faire apparaître ici les caractères originaux et les lignes de force communes d'une histoire caractérisée par une diversité littéraire inscrite dans un socle linguistique commun. Avec la rigueur et l’excellence reconnues des dictionnaires «Bouquins», l'ouvrage offre un vaste panorama des littératures d’Espagne et d’Amérique latine depuis les origines jusqu’à la modernité la plus immédiate. Dictionnaire et oeuvre littéraire tout à la fois, cet immense ouvrage, écrit de manière vive, ardente et savante, se parcourt comme le roman passionnant d’une aventure unique et multiple.

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LES COMMENTAIRES (1)

Par romanivore
posté le 05 juillet à 21:29
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Dans cette rentrée Laffont que j'ai eu la chance de lire en avant-première, je vous recommande le premier roman (le seul défendu cette année par cet éditeur), qui se distingue très nettement : Les Lits en diagonale. Une histoire d'une force d'émotion incroyable, d'une écriture très pure, qui se dévore d'une traite et qui touche comme un direct en plein coeur. L'auteure est une inconnue... elle ne devrait pas le rester longtemps!

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