Magazine Culture

"Le nucléaire n'est pas un gros mot"...

Publié le 26 septembre 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

Editorial RELATIO par Daniel RIOT : « Le nucléaire n'est pas un gros mot. La France a fait le choix du nucléaire. Nous ne voulons l'imposer à personne, mais nous disons que dans un univers où dans un siècle, il n'y aura plus de gaz et dans quarante ou cinquante ans, il n'y aura plus de pétrole, on ne peut pas se contenter de dire : « Le nucléaire fait peur, on n'en parle pas. » Il faut parler, du nucléaire comme de toutes les autres énergies renouvelables. J'ajoute que la France est prête à aider tout pays qui veut se doter de l'énergie nucléaire civile. » Un passage en gras dans le texte du discours onusien transmis à la presse… Heureusement que l’ONU ne siège pas à Hiroshima…

« Nucléaire n’est pas un gros mot »…Sarkozy a (ce dit, entre parenthèses)  avec « gros mot », comme avec « tabou »,  un vrai tic de langage…

Je ne suis pas un anti-nucléaire dogmatique, idéologique, mystique. L’énergie nucléaire, en tant que telle, est moins polluante que d’autres…

Mais j’ai visité Tchernobyl : ce n’est pas un mythe. Et le nuage ne s’est pas arrêté au pont de l’Europe entre Kehl et Strasbourg…

Le mot « nucléaire » serait plus « petit » si les chercheurs avaient les moyens de mieux régler les lourds, trop lourds, problèmes des déchets (transports, stockages et surtout élimination), d’assurer une meilleure sécurité des centrales (vieillissantes, surtout), des ponts trop aisés à construire entre les technologies « civiles » et « militaires »…

Le choix de l’énergie nucléaire est déjà une décision nationale discutable. L’exhortation à un développement généralisé de ce type d’énergie donne le vertige. D’autant plus que ces incitations au nucléaire passent sous silence les richesses de certains continents en soleil, par exemple, ou la force que peuvent avoir les eaux des océans, ou encore l’art et la manière de mieux se servir des vents.

« Nucléaire » n’est pas un « gros mot », mais l’expression « Grenelle de l’environnement », dans ces conditions, devient (pour ceux qui ne s’en étaient pas encore rendu compte) un rideau d’illusions…

Cela dit, sur le nucléaire, Sarkozy candidat avait annoncé la couleur. Qu’il joue aujourd’hui, avec cynisme les VRP de notre « nucléaire national », était inscrit à son programme.

 Petit rappel :

« L’énergie du futur n’a pas vocation à être la possession exclusive des pays les plus développés dès lors qu’un système de garanties peut fonctionner efficacement. J'ai proposé pour cela la création, sous l'égide de l'ONU et de l'Agence Internationale pour l'énergie atomique, d'une véritable banque mondiale du combustible nucléaire civil qui garantirait aux pays émergents l'accès aux bienfaits de l'énergie atomique sans risque de détournement militaire. Cette institution aurait donc l'avantage d'ôter tout avantage économique et politique aux programmes nationaux d'enrichissement de l'uranium et de retraitement des combustibles irradiés.

Sur le nucléaire, une coopération est possible avec nos partenaires du Sud. Je souhaite par exemple proposer à l’Algérie, avant d’autres Etats, de l’aider à développer une capacité nucléaire civile en échange d’un partenariat sur l’exploitation des champs gaziers. Dire ceci, c’est aussi pour moi une façon de dire à l’Iran qu’une coopération est possible et que nous ne sommes pas condamnés à la confrontation. Au travers de l’exemple algérien, grand pays d’Afrique, c’est aussi dire que pour moi, le développement du Sud passe par l’accès à l’énergie et donc au nucléaire. » (Conférence de presse sur la politique internationale 28/02/07)

Vous voyez : c’était annoncé ! Il pourra même dire qu’il tient ses promesses…Tant pis pour celles et ceux qui ont voté pour lui en dépit de leur angoisse du nucléaire : j’en connais… Comme dit  Yann Wehrling, « les déclarations de Nicolas Sarkozy à l'ONU sur le réchauffement climatique ont le mérite de la clarté. Le réchauffement climatique n'est qu'un enrobage et un prétexte de ses véritables intentions : vendre le nucléaire made in France »(…).  « Si les conséquences n'en étaient pas dramatiques pour la planète, cela pourrait en devenir ridicule et faire sourire » (…) « Que le candidat Sarkozy ait fait des promesses au lobby nucléaire français est une chose. Mais le président de la République, martelant son nucléaire français à chacun de ses déplacements à l'étranger, est en train de dégrader l'image de la France en rabaissant sa fonction à celle d'agent commercial du nucléaire »

Mais, Yann, « agent commercial », ce n’est pas un « gros mot ». « Vendre » non plus… Quand à « l’image de la France », voilà longtemps qu’elle n’avait pas été aussi bonne, selon des sondages…français.

Alors, où est le problème ? D’ailleurs, il l’a dit lui-même : s’il a parlé de l’énergie nucléaire en Allemagne, c’est « pour rendre service à Angela Merkel»… Quand on pense que c’est la France gaulliste (à cause du nucléaire militaire) qui a cassé l’Euratom, cette Europe de l’énergie atomique qui aurait dû se développer parallèlement à la CECA puis être intégrée au Marché Commun… L’histoire est une suite de pieds de nez. La relance d’EURATOM au programme de la Présidence française ? Il y aurait des réactions en chaîne…

Daniel RIOT


Retour à La Une de Logo Paperblog