La quasi totalité des expositions décrites dans les quatre précédents billets sont le fait des pays et non le choix du commissaire de la Biennale, Daniel Birnbaum. Or ce dernier semble être l’objet d’une cabale, confondant volontairement les espaces dont il est directement responsable (essentiellement la moitié de l’Arsenal et le plutôt rétrospectif pavillon international) et la totalité de la Biennale. Le comble de la mauvaise foi est cet article de quelqu’un qui, semble-t-il, n’a même pas visité la Biennale (et en tout cas ne mentionne pas une seule oeuvre exposée) et construit toute son argumentation anti-Birnbaum sur le choix du titre de la Biennale Fare Mondi / Making Worlds, qui justement ne se traduit pas par ‘Construire des mondes’ (Building Worlds), mais plutôt par ‘Faire des mondes’ (l’auteur n’est sans doute pas anglophone). In cauda venenum : Birnbaum sacrifierait l’art au tourisme, crime imprescriptible aux yeux de l’éditorialiste de ce site toujours aussi ‘progressiste’.

Plus loin Goshka Macuga (dont j’avais récemment aimé le Guernica) a construit un arc de triomphe dérisoire, tapis entourant deux colonnes comme le S sinue autour des barres dans le signe $. Sur la bannière impériale, des portraits de chefs d’état (pas le nôtre, apparemment). Il faut passer sous l’arche, faire allégeance au dollar et au pouvoir pour poursuivre plus avant, plus ultra.

Une des plus belles installations de l’Arsenal est celle du Camerounais Pascale Marthine Thayou,


La vidéo de Paul Chan en ombres chinoises (Sade for Sade’s sake) évoque les vases grecs à figures noires, avec ses personnages impliqués dans des activités sexuelles et religieuses (ou les deux à la fois). Ulla von Brandeburg a reconstitué son dispositif théâtral de rideaux qui débouche ici sur un film tourné à la Villa Savoye dans la froideur corbusiérienne où quelques personnages tentent vainement d’apporter un peu de vie sur une très belle musique de Lieder (Singspiel) : une belle poursuite de sa réflexion sur le théâtre et l’espace.


Voilà tout ce qu’on peut voir à l’Arsenal du travail de Daniel Birnbaum quand on ouvre les yeux au lieu de s’en tenir à des préjugés éculés. Allez voir (jusqu’au 22 novembre) !
Photos 2, 4, 5, 6 et 7 de l’auteur; photo 1 D.R.; photo 3 courtoisie du service de presse de la Biennale.
