Very Bad Trip de Todd Phillips
Résumé: Quatre amis partent à Las Vegas fêter l’enterrement de vie de garçon de l’un d’entre eux. Le lendemain matin, ils se réveillent dans leur chambre d’hôtel dévastée, sans aucun souvenir de ce qui a pu se passer durant la nuit, et surtout sans le futur marié. Une course contre la montre s’engage pour le retrouver et tenter de recoller les morceaux de cette nuit de folie…
Succès surprise au box office américain (il a même battu Terminator Renaissance), Very Bad Trip (The Hangover en VO) n’aura pas mis longtemps à débarquer au Royaume-Uni et en France. Cette nouvelle comédie de Todd Phillips (réalisateur entre autres des très marrants Old School, Road Trip et Starsky et Hutch) rappellera certainement des souvenirs à certains d’entre nous, tant le film sent le vécu.
Sur un postulat très mince, Phillips réussit à réaliser une comédie enlevée et rythmée, certes pas toujours très fine, mais qui remplit parfaitement son but : divertir et faire rire son public une heure et demi durant. Pour cela, il se repose sur un script malin sous forme de jeu de piste et sur un quatuor de comédiens parfaitement à l’aise dans leurs rôles. Bradley Cooper, en leader naturel de la bande, prouve qu’il est capable de s’adapter à tous les types de rôles, après sa prestation dans Midnight Meat Train, et qu’il faudra compter avec lui dans les années à venir. Ed Helms réussit parfaitement son passage du petit au grand ecran (c’est l’un des personnages réguliers de la version américaine de The Office) grâce au rôle de Stu, un homme écrasé par sa compagne et qui gagnera ici son émancipation. Mais le meilleur personnage du film reste définitivement Alan, incarné par Zach Galifianakis, pilier de la chaine Comedy Central. Alan est un inadapté social, gentil mais un peu effrayant, aux remarques parfois déstabilisantes… Il reste le moteur comique principal du film avec ses répliques décalées. Et puis il y a le plaisir de retrouver la charmante Heather Graham dans un rôle certes minime mais plein de charme. Dommage qu’on ne la voit plus très souvent à l’écran ces temps-ci…
L’autre bon point du film c’est le côté ludique de son intrigue avec le jeu de piste que représente la recherche de Doug (le futur marié disparu) et la découverte des événements de la nuit. Le film prend des situations crédibles (qui n’est jamais allé faire la fête dans le jardin d’un inconnu un soir de beuverie ?) pour les pousser un peu plus loin que la normale (l’enlèvement du tigre de Mike Tyson) et ainsi déclencher de nombreuses crises de fou rire. A ce niveau-là, il faut avouer que les scénaristes ont été particulièrement inventifs, puisque les personnages (et le spectateur avec eux) vont de surprises en surprises, sans jamais lasser.
Au final, The Hangover est une bonne comédie sans prétentions si ce n’est de faire rire son public, ce qu’elle réussit parfaitement. Pas inoubliable ni culte, mais juste un bon moment à savourer entre potes en se remémorant ses propres soirées (trop) arrosées !
Note : 7/10
Surveillance de Jennifer Lynch
Résumé : Deux agents du FBI (Bill Pullman et Julia Ormond) arrivent dans une petite localité du désert de Santa Fe pour enquêter sur une série de meurtres brutaux et la disparition d’une jeune femme. En proie à l’hostilité de la police locale, ils se lancent dans une série d’interrogatoires de différents témoins pour tenter de découvrir la vérité…
Deuxième film de Jennifer Lynch (quinze ans après Boxing Helena), Surveillance est un thriller étrange et tordu, dans la droite lignée des travaux de son célèbre paternel. Avec sa structure en flashbacks et son récit des événements sous différents points de vue, Surveillance évoque le Rashomon de Kurosawa (ou plus près de nous, le Basic de John McTiernan). Cependant, Jennifer Lynch se démarque de ses ainés, puisqu’ici les points de vues des différents témoins se complètent plus qu’ils ne s’opposent. Du coup, on ne ressent pas ce sentiment de lassitude qui peut surgir dans ce type de film lorsque l’on revoit pour la nième fois les mêmes événements d’un point de vue différent. Non, ici chaque nouveau témoignage apporte sa pierre à l’édifice conduisant à la vérité, et surtout à savoir de quoi il est réellement question. Car en effet, au lieu de nous dire dès le début de quoi ont été témoins les personnes rassemblées, Jennifer Lynch s’amuse à nous le révéler petit à petit, ce qui donne à son film toute son originalité et le rend d’autant plus intrigant. Le contrecoup de cela, c’est que le spectateur est moins impliqué puisqu’il n’a pas a se creuser la cervelle pour trouver la solution, vu qu’il ne connait pas la question !
Mais avant tout, Surveillance est un film d’acteurs. Les décors sont limités et minimalistes (une route déserte et un petit poste de police), et le script repose principalement sur sa galerie de personnages. De ce côté-là, rien à redire, Lynch a su parfaitement s’entourer. Des plus connus (Bill Pullman et Julia Ormond, surprenants) au plus obscurs (la jeune Ryan Simpkins est bluffante et porte tout le film sur ses épaules) en passant par les apparitions qui font plaisir (Michael Ironside, autrement mieux exploité que dans Terminator Renaissance), tous contribuent à faire vivre ce film et à rendre leurs personnages attachants malgré la folie ambiante. Car de folie il est bien question ici, que ce soit celle des deux tueurs qui s’amusent à massacrer des gens au hasard, ou celle des policiers qui tirent sur des voitures pour tromper leur ennui… Une folie latente qui rappelle une fois de plus celle des personnages des films de David Lynch, même si sa fille adopte une approche plus réaliste (pas de personnages hystériques poussant des hurlements).
Le dénouement du film est quant à lui très loin du happy end hollywoodien classique, mêlant avec élégance la noirceur la plus totale avec une bonne dose d’espoir. On dit souvent que la vérité sort de la bouche des enfants, rien n’est plus vrai ici, et on pourrait même ajouter que seule la vérité permet d’être sauvé…
Note : 7/10
La dernière Maison sur la Gauche de Dennis Iliadis
Résumé : Alors qu’elle est en vacances avec ses parents, la jeune Mari est capturée avec l’une de ses amies par une bande de repris de justice. Ceux-ci torturent les deux adolescentes avant de les laisser pour mortes dans les bois. Surpris par un orage, ils trouvent refuge dans une maison isolée, sans savoir que leurs hôtes sont les parents de Mari…
Wes Craven, depuis qu’il a réalisé la trilogie Scream, a souvent été accusé d’avoir trahi le genre qui a fait sa renommée, à cause du cynisme de celle-ci. Pourtant, il s’agit de l’un des rares maitres de l’horreur à se soucier un tant soit peu de la qualité des remakes de ses œuvres. A l’opposé d’un John Carpenter par exemple qui se contrefout de ce que les studios font des droits de ses films du moment que l’argent rentre, Craven a décidé de superviser et produire lui-même la plupart des remakes de ses films. Cette remise au gout du jour a commencé en 2006 avec l’excellente nouvelle version de La Colline a des Yeux par Alexandre Aja (très vite suivie par une séquelle assez ridicule mais rigolote) et se poursuit cette année avec La dernière Maison sur la Gauche. La sortie au Royaume-Uni a été assez tardive (plusieurs mois après le reste du monde), certainement à cause de la réputation de l’œuvre originale, censurée pendant des années dans le pays. Une fois n’est pas coutume, Wes Craven confie une fois encore les rênes du projet à un jeune réalisateur prometteur. Dennis Iliadis n’a en effet qu’un seul film à son actif, Hardcore, réalisé en 2004. Et une fois de plus, papy Craven a misé sur le bon cheval, puisque cette nouvelle version de son classique est une très bonne surprise.
Iliadis et ses scénaristes Adam Alleca et Carl Ellsworth ont en effet l’intelligence d’être relativement fidèles au film original, tout en s’en démarquant suffisamment pour que l’on n’ait pas l’impression d’assister à un simple copier coller sans âme et sans finesse. Le film suit donc le même schéma narratif que son illustre ainé, avec ses deux parties bien distinctes (l’enlèvement et le meurtre des deux ados, puis la vengeance des parents), tout en introduisant des différences notables et appréciables. Les personnages « positifs » (Mari et ses parents) sont ainsi beaucoup plus développés et réalistes dans leur comportement, et notamment plus combattifs que dans le film de 1972, ce qui les rend du coup plus attachant. Monica Potter et Tony Goldwyn forment un couple crédible et on n’a pas de mal à s’identifier à eux, ce qui est un plus non négligeable par rapport au film original. La douleur de ces parents lorsqu’ils découvrent ce qui est arrive à leur fille est plus prégnante (le regard du père lorsqu’il voit que sa fille a été violée met extrêmement mal à l’aise) et leur vengeance est du coup plus compréhensible (ce qui renforce d’ailleurs l’ambigüité des sentiments du spectateur). Quant à la bande de Krug, elle a aussi subi de nombreux changements. Dans ce remake, on sent que les trois protagonistes accompagnant Krug sont totalement sous la coupe de celui-ci, alors que dans l’original, Francis et Sadie étaient tout aussi fous que lui. Du coup, on gagne en réalisme ce qu’on perd en imprévisibilité. D’autant que Garrett Dilahunt campe un Krug tout en rage retenue et en folie froide, mais néanmoins beaucoup moins effrayant que David Hess qui possédait une présence impressionnante et dégageait une impression prégnante de folie.
Ce changement majeur fait que la première partie du film est peut-être moins malsaine que dans l’original. La séance de torture des deux jeunes filles ne possède pas le côté sale et amateur du film de Craven, qui était plus dû aux humiliations subies par les deux ados qu’a la violence des tortionnaires (et à la musique crispante). Le viol sauvage de Mari est tout de même un moment très éprouvant du remake, qui devrait faire grincer des dents plus d’une personne. Par contre, là où le film d’Iliadis surpasse son modèle, c’est dans sa seconde partie. Tout d’abord, l’élimination de l’histoire annexe sur les deux flics empotés est un vrai soulagement, tant ces passages ridicules cassaient le rythme du film original. Ensuite, la vengeance des parents ne tombe pas ici dans le granguignolesque et reste dans la veine réaliste du reste du film. Pas de pénis arrache à coups de dents, ni de massacre à la tronçonneuse. Les morts des voyous sont violentes et sanglantes, mais souvent quasi accidentelles (ce qui est un peu dommage, mais fonctionne mieux en termes de réalisme). Seule la mort de Krug dans la dernière scène est un peu trop over the top pour pleinement convaincre.
La dernière Maison sur la Gauche est donc un remake solide, qui a su prendre ses distances avec l’œuvre originale tout en conservant le côté sordide qui faisait sa spécificité. Une réussite comme on aimerait en voir plus souvent…
Note : 7/10