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Anthologie permanente : Peter Huchel

Par Florence Trocmé

Une nuit d’automne

Où es-tu, crépuscule d’autrefois ?
Colline de septembre, où je me trouvais,
Dans la force brutale du vent qui secouait les feuilles
Et cependant tout enveloppé par le calme des arbres −
Les grues étaient encore un hommage
De la nuit d’automne à l’enfant qui guettait.
Ô, heure lointaine, je veux chanter ta louange.
Les oiseaux au long cou volaient là-haut.
Ils poussaient des cris perçants, je leur lançai un mot.
Ils partirent, traversant le lac.
Dans l’eau et le brouillard flottait ta chevelure,
Obscurité primordiale où tout prit naissance,
Les marécages et les fleuves, les gorges et les étoiles.
Je te vis projeter
À travers le tamis de l’horizon
La poussière de métal des météores.
Sentant la terre par tous les pores de ma peau,
J’entendais chanter les chardons et les pierres.
La colline flottait. Et parfois une flèche de feu
Tombait du ciel.
Elle atteignait la nuit. Mais celle-ci, aussitôt, pensait
D’obscurité sa blessure
Et, saine et sauve, demeurait au-dessus des peupliers.
Les sources et le feu grondaient dans les fonds.

Peter Huchel, Chaussées chaussées, traduit de l’allemand par Maryse Jacob et Arnaud Villani, Atelier La Feugraie, 2009, pp. 92 et 93.

Ein Herbstnacht

 

Wo bis du ja, damals sinkender Tag ?
Septemberhügel, auf dem ich lag
Im jähen blätterstürzenden Wind,
Doch ganz von der Ruhe der Bäume umschlungen −
Kraniche waren noch Huldigungen
Der Herbstnacht an das spähende Kind.
O ferne Stunde, dich will ich loben.
Langhalsig flogen die großen Vögel dort oben.
Sie schrieen gell, ich rief ein Wort.
Sie zogen über den Seen fort.
Durch Wasser und Nebel wehte dein Haar,
Urfrühes Dunkel, das alles gebar,
Moore und Flüsse, Schluchten und Sterne.
Ich sah dich schwingen
Durchs Sieb der Ferne
Den eisernen Staub der Meteore;
Die Erde fühlend mit jeder Pore,
Hörte ich Disteln und Steine singen.
Der Hügel schwebte. Und manchmal schoß
Den Himmel hinunter ein brenneder Pfeil.
Er traf die Nacht. Sie aber schloß
Mit schnellem Dunkel die Wunde
Und blieb über wehenden Pappeln heil.
Quellen und Feuer rauschten im Grunde.

 


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