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"The Dead girl" : quintuple crime

Par Vierasouto

Grand Prix du festival de Deauville 2007, Karen Moncrieff


Un film choc qui a secoué la compétition à Deauville où il fut présenté le dernier jour. Il ne faisait pas de doute en sortant de la salle que le film allait obtenir le Grand Prix et ce fut le cas…


En essayant ici de retranscrire les impressions que m’ont laissé ce film, je me rends compte que la force du film est dans l’entité qu’il représente, dans la conjonction de ses cinq récits dont il sera difficile ici de rendre la force en les détaillant. Je vais essayer tout en sachant par avance que cette critique va dévitaliser le film, ce qui est un comble compte tenu du sujet! ! !


Cinq histoires de femmes victimes présentées à un moment de leur vie où elles vont avoir un choix à faire : l’étrangère, la sœur, l’épouse, la mère, la jeune morte.

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Une femme encore jeune tyrannisée par sa mère infirme, Arden, (Toni Collette), trouve en se promenant le cadavre d’une jeune fille dans les champs. Portrait d'une vieille fille résignée et soumise, à qui la découverte du cadavre va ouvrir des horizons : outre une célébrité non désirée, séduire, partir, quitter cette mère qui lui reproche d’être vivante au lieu de son frère mort, lui interdit de se maquiller…

Toni Collette

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Une jeune fille cherche en vain à faire le deuil de sa sœur Jenny disparue depuis 11 ans. Employée à la morgue, Leah (Rose Byrne), croit reconnaître le cadavre de sa sœur disparue, elle l’identifie mais sa mère refuse l’évidence et veut croire sa fille vivante.


L’épouse usée (Mary Beth Hurt) d’un serial killer sait au fond d'elle ce qu'elle ne veut pas savoir. Quand elle découvre les tiroirs débordant de lingerie tâchées de sang dans l’atelier de son mari parti faire une de ses nombreuses promenades, elle prend une décision : brûler les preuves…


Après l'identification de la jeune Krista à la morgue, sa mère Barbara (Mary Steenburgen) part à la recherche des dernières années de la vie de sa fille disparue. A LA, elle retrouve l’appartement misérable où logeait Krista avec une colocataire. La mère comprend que les deux jeunes filles se prostituaient pour payer leurs drogues. Elle apprend aussi que Krista avait accouché elle-même d’une petite fille…


Flash-back sur les derniers jours de Krista (Britanny Murphy), la jeune fille morte, trouvée dans un champ par l’étrangère du début. Quittant la maison pour échapper aux avances de son beau-père, elle avait atterri à Hollywood, terre de mirage. Embringuée dans un réseau de prostitution, la gamine défoncée, destroy, effrontée, n’avait qu’une joie : sa petite fille pour laquelle elle payait une famille d’accueil. C’est pour apporter un cadeau d’anniversaire à l’enfant que la jeune fille va malencontreusement croiser le chemin d’un automobiliste âgé qui accepte de la prendre en stop…


Toutes ces femmes sont des victimes qui vont avoir le choix : essayer de s’en sortir ou pas. L’étrangère est un cas à part, son histoire aurait mérité un film entier, victime de sa mère, coupable d’être vivante à la place de son frère, elle essaye de devenir une femme mais en tentant une sexualité qui intègre les codes de la victime… La jeune morte est multiplement victime, de l’inceste dans sa famille, de l’exploitation par son proxénète et la drogue à LA, du serial killer à la fin… Dans l’intervalle, la sœur est la victime collatérale du déni de ses parents à reconnaître que sa sœur ne reviendra pas. La mère est également la victime par ricochet des abus de son mari sur sa fille dont elle ne savait rien. Au centre, l’épouse fait le choix, apparemment simple et rapide, qui va décider du malheur et du deuil des autres : dénoncer son mari pour que cessent les meurtres en série et que les familles puissent trouver un peu d’apaisement et opérer leur deuil, ou devenir la complice tacite d’un meurtrier qui va récidiver…


Film sombre, macabre et douloureux, Karen Moncrieff* dit s’être souvenue d’avoir été jurée dans un procès de ce genre dont les photos des victimes l’ont marquée à jamais, ce qui expliquerait la multiplication d’images insoutenables en gros plan. Car, à ce film dur qui ne mâche pas ses plans, on pourra reprocher une certaine complaisance dans les images obsédantes des victimes, une certaine insistance à montrer la réalité des lendemains d’un crime.


Un film fort et abouti, tant le scénario que les images (tropisme pour les visages) dont la réalisatrice a confié qu'elle avait été influencée par la manière de filmer des réalisatrices européennes comme Agnès Varda. Témoignage sur la violence exacerbée au quotidien, en amont et en aval des crimes qui, au delà des meurtres odieux, envahissent et paralysent les vies de l’entourage, de la famille. Leçon de deuil, comment pour entrevoir une possible lueur d’espoir au bout du tunnel, il faut accepter la mort de l’autre proche…



Karen Moncrieff, Deauville samedi 8 septembre (photo Vierasouto)

* Karen Moncrieff, ancienne actrice, était déjà présente à Deauville en 2002 avec "Blue car".

Lire la rencontre en conférence de presse avec Karen Moncrieff (photo) à Deauville cette année...

Voir les photos de la cérémonie du Palmarès du festival de Deauville 2007 où Karen Moncrieff reçoit le Grand prix...


Note CinéManiaC : 5/5*

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LES COMMENTAIRES (1)

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posté le 08 octobre à 21:16
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tres bon film

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