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GOSSIP ::: Music for men

Publié le 01 juillet 2009 par Gonzai

Physique de foire, envolées rococosoul, tricots de peau qui collent à la couenne... A l'image des grosses cylindrées et des femmes retapées, tout semble démesuré chez les américains de Gossip. Music for men, leur quatrième album délie les langues maintenant que la grosse moche qui se fout à poil sur scène a décomplexé les plumitifs. Cet album, n'en déplaise aux chroniqueurs qui n'ont pas touché d'autres corps que le leur depuis aout 1973, est un cœur qui bat sous la graisse.

GOSSIP ::: Music for men
Question : Gossip serait-il moins connu si sa chanteuse n'avait pas la circonférence d'un tonneau de bière ? Surement, mais dans de moindres proportions. En écoutant la voix grasse sur Dimestore Diamond, ca sent le plastique fondu et le sport en salle, étonnante impression d'être passé de River deep moutain High à du Cerrone 1979 mixé à la sauce James Murphy. Fraicheur, légèreté de l'être (sic) et puissance d'un single ravageur (Heavy cross). On entend d'ici les critiques (« single facile, riff de guitare pompé, voix de pompier en legging »), et même si la puissance vocale est moins surprenante que sur l'incroyable carton Standing in the way of control (2007), Ditto en a suffisamment sous le capot pour écraser les slim-chanteuses (Les sœurs carbone de Cocorosie, La roux, Duffy contre les vampires de Nancy Sinatra ou encore toutes les chanteuses marketées qui croient que l'open-tuning est un programme de detox' pour accros aux spoilers). Le grand cap passé par Music for men, c'est une vision esthétique qui marie l'anti-cool (la pochette Butch 90' : no dick in my hole) et la notion de plaisir instantané. L'exact contraire des abdos-fessiers.

Maintenant que Gossip fait le tour du monde plus facilement qu'on ne fait le tour de Beth, est-ce suffisant pour dire qu'on a fait le tour de la question ? Pas sûr. Sous ses airs d'album estival pour rockers indes sous UV, Music for men réhabilite le mauvais gout (les synthés et le piano FlashDance de Love long distance), la sueur au coin des lèvres (mais lesquelles ?) et cette notion de pop difforme perdue depuis le départ de Bambi « je tripote les kids » Jackson. Plus loin, la tentation d'en faire un album politique est tentante tant le physique et la musique de Gossip semblent reliés par une ficelle bien étroite. Cirque barnum, homosexualité latente (celle de Beth, celle de l'auditeur qui écoutera Heavy Cross en short dans son salon) et basse synthétique, Music for men c'est Playboy Mansion + Fame + Veronique & Davina. Un incroyable mélange de tout et de rien, quelques fulgurances, des déchets qu'on évacue, un coach plus gros que toi et un rythme qui se maintient peu ou prou sur l'ensemble de l'album. Pendant ce temps, Rick Rubin, le producteur, joue aux cartes et suce surement un glaçon sur la terrasse.

Terriblement vulgaire, jouissif, dansant, libérateur et linéaire, joué de façon robotique mais au-dessus des anorexiques en mini-jupe (« Maintenant notre producteur nous oblige à jouer toutes les parties de guitare même lorsqu'il s'agit de boucles, c'est trop super » dixit les Plasticines », Rock & Folk juin 2009), un album parfait pour oublier, s'oublier, faire le vide. L'exact contraire d'une série de pompes en plein mois d'aout.

Vous n'avez rien compris à cette chronique, ou pire, vous n'êtes pas d'accord ? Faites comme moi, partez faire un jogging ; le meilleur exercice pour éviter de trop réfléchir sur la pop-music ou vos excédents de glucides. Gossip, c'est bien, (embon)point final.

Gossip // Music for men // Columbia

http://www.myspace.com/gossipband


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