Quelques extraits d’une interview avec Gernot Bronet et Sebastian Szary de Modeselektor et Sasha Ring alias Apparat, réunis au sein du projet Moderat. La version longue dans le Trax du mois d’avril.
Il paraît qu’Ellen Allien a un nègre pour composer ses morceaux ?
Gernot : Elle travaille toujours avec quelqu’un, avec Sascha ou Holger Zilske de Smash TV.
Sascha : Ce n’est pas la fille qui va entrer en studio et faire un track direct. Elle n’a pas les connaissances techniques pour ça. Elle sait ce qu’elle veut comme son, Quand je suis entré en studio pour la première fois avec elle, je me demandais comment ça allait marcher. En fait, ça s’est avéré très facile. Elle a une idée très spécifique de ce qu’elle veut, et elle me disait « fais-ci, fais-ça », Elle a le plan d’ensemble, mais il lui manque simplement les compétences techniques.
Comment vous expliquez que le dub et le reggae marchent autant en Allemagne ?
Gernot: Le dub est une influence majeure pour nous, mais je dirais que c’est spécialement à Berlin, pas en Allemagne. Gentleman, les Seeed sont tous de Berlin. Ca a apporté quelque chose de beau dans ce monde gris. Si je pouvais, j’aimerais faire un track de Modeselektor avec Horace Andy, c’est une de mes chansons de rêve. Je l’ai vu récemment à Berlin, chez Hardwax, il passait dans le magasin, il avait l’air très vieux. On a aussi un morceau avec Tikiman, un pote des Maurizio, qui pour moi sont les fondateurs du dub-techno. Certains essayent de faire passer ça pour de la nouveauté, mais eux, ça fait quinze ans qu’ils en font.
Sascha : Va falloir te grouiller alors !
Vous avez des remixs dubstep, notamment de Shackleton.
Gernot: Et un de TRG de Bucarest il a sorti des trucs sur le label Tempa. On est a fond dans le dubstep, pour moi c’est la seule musique rafraîchissante depuis quelques années. Je suis fatigué de… (il cherche ses mots)
De la minimal-house ?
Gernot : La minimal, ça me fatigue depuis dix ans. Sur tous les disques de techno qui sortent chaque mois, il y en a peut-être un qui m’intéresse. Sur cinquante disques de dubstep chaque mois, il y en a trente-cinq qui m’intéressent. Je cherche toujours de nouveaux beats, et le dubstep nous a clairement influencé
Sebastian : Ca change du 4/4, le dubstep joue beaucoup sur les breaks.
Gernot : C’est comme un virus. Ca te touche physiquement et c’est excellent pour les soirées. Le dubstep est une musique minimaliste aussi, mais bien plus créative, qui ne tourne pas toujours autour de la même idée. Et puis les bpm à 140-150, c’est le meilleur tempo pour danser.
Parlez -nous un peu de votre tournée avec Radiohead.
Gernot : C’était une expérience incroyable. On a appris beaucoup. Ce sont des rockstars, mais ils n’ont pas l’attitude, ils sont très sympa et très intelligents. Ce n’est pas tant les shows qui m’ont marqué mais tout ce qu’il y a autour. En backstage. Ils ont une équipe de 100 personnes, ils recyclent eux-mêmes leurs déchets,
Sebastian : La logistique est énorme, ils avaient 12 containers de cargo,
Sascha: Et c’était juste pour le petit-déj !
Vous pensez avoir changé de statut après Happy Birthday (le dernier album de Modeselektor) ?
Gernot : On a grandi, on a joué plus de shows, plus grands. Mais Thom Yorke nous connaissait depuis le début. On a fait leur première partie à Berlin, et ensuite ils nous ont pris avec eux au Japon. On a été payé beaucoup, on a pu emmener des VJ’s avec nous, ce qui était une bonne préparation, puisqu’on voulait faire la même chose pour les concerts de Moderat. D’habitude, on ne fait même pas de balances. On pose le matos, on boit quelques bières, on va sur scène et on détruit tout. Avec Moderat, on est obligé de faire le soundcheck. Du coup cette tournée avec Radiohead, c’était un entraînement.
Vous avez déclaré être des « Kid A kids ».
Gernot: Chez les grands groupes de rock des 90’s, les fans sont assez typiques. Alors que parmi les fans de Radiohead, il y a ceux qui aiment Creep, et ceux qui aiment Kid A. Pour moi, c’est le seul grand groupe des 90’s à s’être aventuré dans le nouveau siècle. Avec Kid A, ils ont posé une nouvelle limite, c’est un disque qui a marqué l’histoire de la musique. Ils se sont redéfinis eux-mêmes.
Et Moderat, c’est un peu votre Kid A ?
Gernot : C’est intéressant, c’est assez similaire, dans le sens ou ce n’est pas ce que les gens attendent. Mais Modeselektor, ça change toutes les semaines, a chaque fois qu’on écoute un nouveau disque. On ne s’est jamais considéré comme un groupe d’un certain genre. Mais on n’a jamais eu à se redéfinir nous mêmes, parce qu’il y avait déjà ces idées de Moderat.
Sascha : C’était évident depuis le début que ça allait sonner différemment de ce qu’on avait fait auparavant.
Gernot : C’est plus adulte, avec Modeselektor, on met des masques, on fait des blagues, Moderat c’est plus sérieux.
Moderat Moderat (Bpitch control)
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble