Magazine Cinéma

in the garbages

Par Didier T.
in the garbagesPhoto Richard Billingham, 1995
Je ne suis pas une passionnée de Pedro Almodovar mais je suis allée, le même jour que Valère pour la toute petite histoire, voir Etreintes brisées, le film qui n’a rien reçu à Cannes. Et pourtant, j’ai beaucoup aimé ce film. Ambiance légèrement hitchcockienne, scénario serré autour d’une très belle femme Penelope Cruz. On ne dira jamais assez qu’en ce moment L’Oréal ou Vuitton rend terriblement moches, robotiques, celles que les cinéastes illuminent. J’aime de plus en plus les sacs Vuitton mais franchement ils abusent de Photoshop (cf la dernière campagne avec Madonna où on ne reconnaît pas Madonna). Bref. Almodovar est un peintre. Les couleurs sont merveilleuses des rouges, des jaunes, des oranges, des bleus merveilleux. On nous parle de femme objet puis de femme libre, on nous parle d’amour puis de jalousie, on nous parle de bien-être puis de violence, on nous parle de cinéma et on fait du grand cinéma. 
Very Bad Trip, pas du tout un remake de trois hommes et un couffin, une louffoquerie américaine. On ricane de temps en temps. Le scénario est pas mal ficelé mais bon…
Et enfin, Jeux de pouvoir. Passionnant. En y allant, on se dit, Russell Crowe, trop gras, trop velu, trop vulgaire…mais voilà Russel Crowe est une super star, un acteur génial. C’est un superbe film. Encore une fois, je suis sortie de la salle scotchée par un scénario arachnéen, par un cinéma capable de regarder la nation américaine bien en face, les yeux dans les yeux. Les Etats-Unis apparaissent comme ils sont : obnubilés par la sécurité intérieure, un marché gigantesque mêlant politique, armée, capitalisme et folie furieuse, obnubilés par les médias, charognards, friands d’histoires sex, drugs and rock’n roll qui titillent leur puritanisme national, obnubilés, chacun, par la réussite financière et le politiquement correct personnel. 
J’ai également vu des extraits de l’Orange mécanique de 2009 annoncé, Bronson de Nicolas Winding Refn. Un film violent donc qui tente paraît-il de dépeindre l’absurdité de la prison et du désir de gloire. Lu quelque part que Bronson, pas l’acteur mais un citoyen britannique qui a choisi ce pseudo en hommage au fameux acteur, voulait être le « gagnant de sa star académie, la taule ».
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En ce moment je suis plongée dans le deuxième roman de Tom Wolfe, Un homme, un vrai. Après j’aurais lu ces trois romans jusqu’au prochain qui devrait sortir prochainement. J’adore Tom Wolfe comme j’adore beaucoup d’autres auteurs. Pourtant je sais que je ne connais pas un millième des bons romans qui existent. Je m’intéresse à la littérature mais je n’ai pas beaucoup envie de parler de littérature ici. Je supporte très mal les blogs littéraires qui parlent toujours des mêmes romans, des mêmes auteurs, de la même façon, c’est insupportable et surtout c’est téléguidé par les maisons d’édition, comme dans le journalisme traditionnel mais à moindre frais. En plus les auteurs de ces blogs sont souvent des adorateurs de littérature autoproclamés avec de grandes grandes grandes œillères. Je ne crois pas qu’on puisse décréter être cultivé, je ne crois pas qu’être cultivé cela veuille dire n’aimer que des livres confidentiels, intellectuels, détester la télévision voire affirmer « ne pas avoir la télévision », comble du snobisme, aller au cinéma quasi exclusivement pour du cinéma d’auteurs, trouver Dita Von Tease vachement chouette etc etc etc La littérature, elle vient de la rue, que ce soit la rue bourgeoise ou la rue du ghetto, ce sont les gens qui vivent dans le monde qui font la littérature dont l’auteur n’est que le porte-plume. Et les gens qui vivent dans le monde avant de les écrire il faut les regarder où ils sont c'est-à-dire certainement pas dans les salons, interactifs ou non, littéraires. Je l’ai souvent dit et répété, il faut arrêter de sacraliser les écrivains, il faut arrêter la masturbation intellectuelle sous prétexte qu’on aligne des mots ou des rimes. Je pense qu’il faut regarder, regarder partout, y compris dans les poubelles qui puent, digérer ce qu’on a trouvé, y réfléchir longtemps, lentement, et après se la ramener. 
Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu

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