Dans la note précédente, l'extrait vidéo de ce monologue foxien est comique mais aussi passionnant, puisqu'il est toujours fascinant d'assister au spectacle d'une conscience qui s'empêtre et s'enfonce dans ses contradictions. Selon Glenn Beck, l'extrême-gauche mondiale est dangereuse car, dans la situation actuelle, elle ferait un appel aux armes et à l'insurrection violente. S'il y a bien un pays dans le monde dans lequel il est possible de se procurer "librement" des armes, avec tous les "dégâts collatéraux" (pour reprendre une formule étatique et cynique, typiquement état-usienne), c'est bien entendu "le pays de l'Oncle Sam", dans lequel un Charlon Heston faisait encore il y a peu le singe, le fusil à la main - ououououou... "Droit sacré" selon certains qu'ils seraient prêts à défendre les armes à la main, qu'ils soient membres ou non d'une milice, moyens qui favorisent une criminalité trés élevée - mais les experts en tous genres veillent, braves gens. Ensuite, ce chroniqueur semble oublier et l'Histoire américaine et la Constitution, puisque, selon les fondateurs des Etats-Unis, il existe un autre droit sacré populaire, celui de l'insurrection, contre un régime mauvais. En France, ce droit sacré populaire est commémoré chaque 14 juillet.... Mais pour Glenn Beck, le Bien et le Mal sont connus depuis longtemps. Enfin, ce sujet des "citoyens armés" est plus profond encore qu'il n'y paraît - car que se passe t-il lorsque des citoyens, comme les Français, sont par essence "désarmés" face aux pouvoirs en place ? Ce sont les forces de l'ordre-du-désordre qui disposent du monopole de la violence, avec les conséquences que l'on connaît. Faut-il être armés et comment ? De quels types d'armes les citoyens peuvent-ils légitimement disposer pour se défendre et dans quelles circonstances peuvent-ils en faire usage ? Le débat est essentiel. Reste que, comme "Capitaine" l'a dit en commentaire dans la note précédente, "L'insurrection qui vient" ne chante pas l'insurrection violente en tant que telle, mais prétend faire le constat d'une fatalité. Et c'est là que l'on peut considérer que l'ouvrage a des faiblesses structurelles, dans toutes les généralités creuses qui sont énoncées comme "le comité invisible est du côté de ceux qui s'organisent" (or, les RG et les services anti-terroristes s'organisent énormément !). En effet, le postulat de l'ouvrage est qu'il existe un droit et un pouvoir insurrectionnel populaires, décisifs, SANS PRISE EN COMPTE DU CONTEXTE HISTORIQUE, celui du renforcement des moyens étatiques, totalitaires, policiers et militaires contre les citoyens. Jamais les citoyens du monde n'ont été aussi nombreux, mais jamais ils n'ont été aussi faibles, par la faiblesse de leurs réseaux et par les moyens ET la violence de l'idéologie de l'Etat-du-Bien vécue et transmise par celles et ceux qui se pensent être ses seuls "fonctionnaires", que ce soit en France ou en Iran. Et ce que Julien Coupat et ses amis ont vécu est bien la démonstration que, malgré un dossier vide, des décideurs peuvent (le Patriot Act c'est encore là-bas, et la Raison d'Etat ici) faire ce qu'ils veulent ou presque de quelques vies pendant des mois. Et la question, c'est : est-ce que "L'insurrection qui vient" et "le Comité Invisible" renforcent le peuple potentiellement insurrectionnel ou est-ce qu'ils l'affaiblissent ?