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Concerts spirituels de Dietrich Buxtehude

Publié le 29 septembre 2007 par Philippe Delaide

C'est un vrai plaisir de savourer la célébration d'un anniversaire d'une façon aussi intelligente que celle qui est actuellement dédiée au compositeur Dietrich Buxtehude. J'avais eu l'occasion d'évoquer ce petit évènement dans la note du 15 juillet 2007 à propos de la série d'émissions que lui consacrait la Radio Suisse Romande (Espace 2).

Cela fait 300 ans que Dietrich Buxtehude est mort et les excellents labels Alpha et Ricercar sont en train d'éditer et de rééditer de véritables pièces d'orfèvrerie.

J'avais déjà mentionné le magnifique enregistrement de Philippe Pierlot avec le Ricercar Consort, dédié à de belles cantates (cf. note du 16 juillet 2007).

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Cette fois, je viens de savourer une nouveauté que je désire absolument vous faire partager : une sélection de concerts spirituels enregistrés par l'ensemble La Fenice, dirigée par Jean Tubéry, avec le ténor Hans Jörg Mammel. Ces pièces révèlent de l'influence manifeste que la musique concertante italienne a eu sur les compositeurs de l'Allemagne luthérienne à la fin du XVIIème siècle. Leur objet est de servir des textes liturgiques (principalement des psaumes), mais aussi de fournir l'occasion d'exprimer un dialogue musical entre la voix et les instruments, le but étant de mettre en valeur une certaine virtuosité.

Le ténor Hans Jörg Mammel, grand spécialiste de ce répertoire, explique très bien les ressorts esthétiques de ces concertos dans le texte très didactique et limpide qu'il a rédigé pour le livret.

Le parti pris est, tout comme les concerts spirituels d'Heirich Schütz (cf. note du 6 janvier 2007), celui de l'intimisme mais aussi d'une forme d'expressivité.

Avec le support des cornets à bouquin, dont la tonalité troublante est sensée se rapprocher de celle des voix, on obtient un ensemble assez fascinant.

Le pièces choisies sont finalement assez variées. La plus madrigalesque est de loin "Ich sprach meinem Herzen", où, sur le mot "Lächen", Buxtehude prend un parti pris d'expressivité digne du style concitato de Monteverdi. La plus fine et interiorisée est "Herr, wenn ich nur Dich hab". Enfin, celle qui doit le plus illustrer la nature combative du style concertant (compétition entre voix et instruments pour savoir qui l'emporte en virtuosité) est "Singet demm Herrn".

Cet enregistrement de haute tenue est magistralement interprété par Hans Jörg Mammel, avec un Jean Tubéry au cornet à bouquin et à la direction d'orchestre, fin, délicat et à l'écoute. Les sonorités sont prodigieuses de douceur et les couleurs rendues par l'ensemble sont splendides. Il est parfois dommage que la voix du soliste soit exagérément couverte par les instruments.

Splendide disque.

Lien direct vers le site du label Alpha pour écouter un extrait et connaître la tracklist complète.

O fröhliche Stunden - Concerts spirituels de Dietrich Buxtehude - Hans Jörg Mammel (ténor) - La Fenice - direction Jean Tubéry - Label Alpha.


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