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Sonic Youth - The Eternal (2009)

Publié le 05 juillet 2009 par Oreilles
Sonic Youth - The Eternal (2009) Sonic Youth le groupe, serait donc plus important que ses disques. A bien y réfléchir, ce pourrait être la formule idoine pour résumer la carrière atypique et parfois controversée du quatuor new-yorkais. Car finalement, y a-t-il dans la discographie foisonnante du combo bruitiste un disque, une période qui se détachent véritablement ? A tout le moins, l'album qui mettrait tout le monde d'accord ?
Les connoisseurs ont tendance à citer Daydream Nation (1988), album inécoutable s'il en est ; et pourquoi pas Sister, d'ailleurs, issu de la même époque (1987) ! Il y a aussi les adeptes de la période plus produite, plus léchée, qui inclut Goo (1990) et Dirty (1992), choix pertinent évidemment... pour ma part, j'avouerai une préférence pour Washing Machine (1995) et A Thousand Leaves (1998) ; on le voit, on n'en sort pas !
Alors pourquoi nous faire croire que cet album, le 16ème en studio, pourra être celui qui mettra tout le monde d'accord, au moment où Sonic Youth délaisse, après un long partenariat, la maison Geffen fourre-tout pour la plus indie-rock Matador de leurs camarades de jeu, les brillants Yo La Tengo ?
Parce qu'on en revient à un son plus carré, moins bêtement lo-fi, façon Goo ? Hmmm....pas suffisant ! Car si ce nouveau disque n'est pas moins bon (ou plus mauvais) que Murray Street (2002), Sonic Nurse (2004) et Rather Ripped (2006), les trois derniers albums avec Jim O'Rourke (qui a quitté le navire depuis), il n'a pas de quoi leur en remontrer non plus !
Car franchement, que nous apprend The Eternal ? Que Steve Shelley est un excellent batteur, c'est même le musicien le plus convaincant de la bande ; mais ça, on le savait déjà ! Il a le mérite de le prouver une fois encore sur "Sacred Trickster" et "Anti-Orgasm" qui ouvrent tous deux l'album sur les chapeaux de roue. Mais dès "Leaky Lifeboat", c'est la cata : on a droit à des "la-la-la" du couple Thurston/Kim qui, on s'en doute, feront moins date que ceux de Ira et Georgia (Yo La Tengo), comprendre qu'on les fredonnera moins volontiers sous la douche !
Alors, bien sûr, il y a la rythmique qui bastonne, les guitares qui cisaillent et s'entrecroisent sur des "Antenna" ou "No Way" qui doivent beaucoup aux chevauchées électriques du Crazy Horse du Loner ; mais enfin, il faut quand même s'envoyer un nombre de morceaux parfaitement anodins, quand ils ne sont pas pénibles ("Massage The History", soi-disant le sommet du disque, faudra qu'on m'explique !?) avant de tomber ENFIN sur une chanson mémorable, façon "Kool Thing", "The Diamond Sea", ou un "Karen Coltrane" d'antan, et c'est ce formidable "Walkin Blue" et son épatante mélodie binaire, que Lee Ranaldo (pas fou) s'octroie !
Et là Sonic Youth de rappeler, qu'au-delà du groupe arty prise de choux qu'il peut être aux yeux de ses détracteurs - voir à ce sujet l'article manquant de finesse du pourtant excellent Ungemuth dans le R&F # 503- il sait incarner aussi ce band humble qui, en oubliant de désaccorder ses guitares, compose des chansons pop parfaites. Fait d'armes devenu rare chez SY, et qui tend au syndrome slow hand : les anglophones onanistes comprendront !
En bref : pourquoi s'embêter à des formats de 4,5' bien écrits, et qui flattent l'oreille ? Quand on peut se complaire dans d'interminables morceaux où l'on s'écoute jammer sans direction? Tel pourrait être l'adage Sonic Youth. Qui, sans s'en référer au son, sait pourtant disposer d'un trio de compositeurs crédible !

Sonic Youth - The Eternal (2009)
le site, le Myspace
La video de "Sacred Trickster" :


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