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Des nouvelles d'un éditeur qui m'est cher

Par Georgesf
En fait, il faudrait écrire "une éditrice", car il s'agit d'Anne Carrière. Mais le terme éditrice m' a toujours gêné. J"ai d'ailleurs du mal à mettre le plupart des métiers au féminin. Je le ferai le jour où l'on pourra dire "une sentinelle", "une vigie" ou "une recrue" au masculin".
Machisme, diront certains. Je ne sais que répondre, j'ai du mal à répondre aux sarcasmes.
En tout cas, Anne Carrière est une éditrice qui m'est chère (ah, vous voyez, je fais des efforts). Même si ce n'est pas la seule.
Certains me demandent si les difficulrés que connaît actuellement cette maison me posent des problèmes. Non, mais elles me créent des inquiétudes. Car il est vital qu'une maison comme celle d'Anne puisse survivre dans le paysage de l'édition.
C'est d'abord une question de sentiments : la maison Anne Carrière est ma maison natale, c'est là que je suis né comme auteur. Elle a été la première à me sortir du sac postal ; et elle avait bien du mérite, car le manuscrit que je lui avais envoyé (Le recueil "La Diablada") était encore très perfectible, pour dire les choses gentiment. Chez Anne, j'ai aussi appris à améliorer un manuscrit. Apprentissage parfois mortifiant quand on sort du monde des concours de nouvelles avec un début de grosse tête. Mais apprentissage utile.
Ce rôle qu'Anne a joué pour moi, je ne suis pas le seul à en avoir bénéficié : chaque année, elle publie queqlues nouveaux auteurs dont le manuscrit est arrivé, sans appui, par la poste. Je le dis en insistant car sur quelques blogs d'auteurs mal-aimés (là, il faudrait vraiment un féminin), on répète à longueur de chjroniques, comme une sorte d'antienne consolatrice, qu'il est impossible ou rarissime de se faire publier en arrivant dans une enveloppe kraft timbrée. C'est faux, et nous sommes de nombreux auteurs, notamment chez Anne, à pouvoir en témoigner.
Ce n'est pas vrai dans toutes les maisons, j'en conviens. Mais Anne Carrière a toujours joué ce rôle de découvreuse (tiens, encore un féminin qui se glisse à mon insu), de pédagogue de l'écriture. C'est pour ça qu'il est important qu'elle demeure.
Certains auteurs lui reprochent de ne pas publier assez de "littérature". Il est vrai que la maison publie aussi des thrillers (et des bons), des romans "de société" (exemple : Fatou Diomé, qu'Anne a lancée), des témoignages, des essais. Parfois des romans plus faciles, mais les lecteurs de romans plus faciles sont parfois, simplement, des lecteurs en apprentissage de lecture. J'aimais bien San Antonio à 20 ans ; ensuite, j'ai préféré Borges ou Kipling.

Cette maison m'est chère, car elle est vraiment indépendante : on peut être fille de Rober tLaffont sans trouver dans son sabot de Noël une petite maison d'édition à lancer. Anne et Alain son mari ont créé la leur à point zéro, avec leur audace et leurs coups de coeur.
C'est pour ça qu'il est important que cette maison survive, sans pour autant perdre son âme. Je suis certain que la réputation d'Anne et Antoine, sans parler de l'affection qu'on leur porte sur la place, permettront de trouver une solution durable. Je le souhaite pour eux deux*, je le souhaite pour les auteurs candidats à l'édition je le souhaite pour le paysage littéraire en France.
* Et, ne l'oublions pas, je le souhaite pour toute l'équipe qui les entoure : pas seulement des très bons pros (aïe, là il faudrait vraiment ajouter un féminin, vous me comprenez, Sophie, Anne-Sophie, Julia, Yasmina), mais de belles personnes qui ont un sens de l'amitié qui donne envie d'écrire.
Car, vous l'aurez compris, si j'écris, c'est surrtout pour me faire des amis.

** Et pour couper court aux fielleux de service : non, il n'y a aucune servilité, aucun bas calcul,  dans ce message : mon prochain roman, ce n'est pas chez Anne que je le publie. J'écris ce long billet par simple amitié. Bon, disons qu'on m'offrira peut-être un café la prochaine fois que je passerai boulevard Saint-Germain.

Ne sachant que mettre comme visuel, j'ai mis un ornithorynque. Ca vous va ? Des nouvelles d'un éditeur qui m'est cher

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