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Citizens’views #25 “On doit donc toujours chercher à satisfaire la curiosité des lecteurs, en étant rigoureux dans l’écriture de nos articles et la réalisation de nos sujets” Mélissa Bounoua aka MissPress

Publié le 07 juillet 2009 par Lilzeon

Mélissa Bounoua nous fait le plaisir de répondre à ce Citizens’ views en plein débat des “Forçats de l’info”. Vous pouvez la suivre sur Twitter. Elle est une des animatrices du sujet et partage quotidiennement ses opinions iconoclastes. Et ça fait du bien.

Citizens’views #25 “On doit donc toujours chercher à satisfaire la curiosité des lecteurs, en étant rigoureux dans l’écriture de nos articles et la réalisation de nos sujets” Mélissa Bounoua aka MissPress

1- Citoyenne ! Tu as 140 caractères pour dire qui tu es et ce que tu fais en ligne.

Je suis plus que 140 caractères.

2- Tu as émergé avec la question des “forçats de l’info” : qu’est-ce qui t’a poussée à monter sur la tribune web et à t’emparer du sujet ?

Je ne me suis pas emparée du sujet, j’en ai juste parlé un peu sur mon blog. Et j’ai encouragé d’autres à en parler un peu plus au cours d’un débat (je préfère dire discussion). L’idée était de mettre le doigt sur ce qu’est le métier de journaliste web. Beaucoup de médias ont encore du mal à dessiner les contours d’un métier qui bouge très vite. Comme je le disais ici (mon blog) ou là (médialogues, RSR), les journalistes web sont souvent passionnés par ce qu’ils font. C’est dommage que, dans certaines rédactions, ils ne soient pas encore considérés aussi bien que les journalistes du papier ou de l’antenne.

C’est donc la résolution de cette fracture web papier encore existante qui, selon moi, aidera notre profession. Le sujet m’a touchée et passionnée, c’est pour ça que j’en ai beaucoup parlé, je pense qu’aujourd’hui tout le monde en a marre de lire le mot forçat, le mieux est donc d’explorer des pistes et d’avancer: l’info hyper-spécialisée, le journaliste web devient aussi animateur de communauté, la création des plateformes d’info et pas seulement des sites qui sont encore très proches des titres de presse papier que l’on connaît…posons plein de questions, essayons, on verra ce que ça donne. J’ai l’impression que nous sommes encore trop conservateurs dans notre façon de faire et de présenter l’info et qu’on pourrait beaucoup plus exploiter les potentialités du web (cf notamment cet article de la Monday note de Frédéric Filloux).

3- On en est-on sur ce débat là : as-tu des premières idées de modèle économique viable ?

Le modèle économique, des patrons de presse, des journalistes et des experts planchent dessus depuis des années sans avoir trouvé de formules magiques. Pour l’instant, les sites d’info coûtent plus cher que les rédactions papier auxquels ils sont adossés. Si se sont des pure-players, ils se débattent pour être à l’équilibre quand ils ne sont pas dans des situations franchement difficiles. Tout le modèle de la presse était fondé sur la publicité et la vente de petites annonces. Les petites annonces sont maintenant gratuites (exemple avec Craigslist) ou vraiment pas chère, il faut donc chercher de nouvelles pistes.
Je lis en ce moment le livre de Jeff Jarvis, What Would Google Do? (La méthode Google en français) qui expose l’idée que le modèle Google devrait s’appliquer à tous les types d’activités. L’idée étant de se concentrer plus sur ce que l’utilisateur aimera et ne pas chercher à tout prix à le faire venir à son site mais de lui donner des outils, ce qu’il recherche. Il insiste sur l’idée de plateforme ouverte où les utilisateurs pourraient mixer le contenu et l’exporter (en embeddant de l’info par exemple) sur leur propre site pour s’en servir. Se concentrer sur la conversation “many to many” plus que sur le modèle “one to many” auquel nous avons été habitué pendant l’ère des journaux érigés en références.

4- On a beaucoup parlé des organisations des rédactions et des journalistes pendant ces dernières semaines. Mais quid du lecteur ? Quelle promesse le journalisme doit-il faire dans ce nouvel écosystème ?

Le lecteur a davantage le droit de s’exprimer. C’est un bon point. Mais il trouve aussi beaucoup plus vite l’information. On doit donc toujours chercher à satisfaire la curiosité des lecteurs, en étant rigoureux dans l’écriture de nos articles et la réalisation de nos sujets. Il faut surtout discuter avec eux, car ils ont aussi une idée de ce qui peut être de l’information. J’ai suivi lundi après-midi une discussion entre Xavier Ternisien, l’auteur de l’article du Monde sur les forçats et Eric Mettout rédacteur en chef de l’Express.fr, le premier disait qu’il ne “s’informerait pas sur LePost“  LePost est un tentative de création de l’information (car je pense que c’est une forme d’information) qui insiste sur l’interactivité entre les lecteurs, blogueurs, posteurs autant que sur l’info elle-même. C’était un pari risqué mais qui semble fonctionner, est ce qu’on doit s’en inspirer? Oui, au moins pour la conversation que ça peut générer.

5- Si tu pouvais réaliser une grande utopie grâce au web social, quelle serait-elle ?

Une grande utopie je ne sais pas. Si les réseaux sociaux pouvaient éviter que des gens se fassent tuer, ce sera déjà quelque chose. Twitter a déjà rassemblé des gens qui n’auraient pas pu se rencontrer sans ça ou pas si vite. En Egypte, un militant (Alaa Abd El Fattah) avait été libéré de prison sous la pression d’un regroupement, commencé virtuellement via les réseaux sociaux grâce à un blogueur (Abdel Monem Mahmoud) qui avait vu ses statuts et alerté un groupe qui ne se serait pas connu sans ça. (source: Clay Shirky, Here comes everybody, pages 184-185-186).


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