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Dans la peau d'un soldat israélien : "Beaufort" et "Valse avec Bachir"

Par Bricabraque

Si la guerre des Six-jours de 1967 est certainement un tournant dans le conflit opposant Israël à ses voisins arabes, l'invasion du Liban en 1982 marque également un changement important dans la société israélienne.

A cette date en effet, une partie de la société se met à douter sérieusement de la légitimité de certains combats. D'autant plus qu'une partie de ces combats a été décidée par des hommes qui ne respectaient pas toujours les volontés de leurs supérieurs. Il en est ainsi du ministre de la défense d'alors, Ariel Sharon, allant plus loin que ce que souhaitait le Premier Ministre Menahem Begin. Idem pour la prise de l'ancien château croisé de Beaufort au sud du Liban en juin 1982. Ce poste avancé israélien était ensuite le seul au nord du fleuve Litani.

Deux films récents (disponibles en DVD) évoquent ce tournant en insistant sur le traumatisme des soldats israéliens qui ont dû, sur le terrain, accomplir des missions peu glorieuses malgré les apparences : Permettre aux phalanges libanaises de massacrer les civils palestiniens des camps de Sabra et Chatila à Beyrouth et servir de cibles vivantes au Hezbollah pour éviter une fuite "déshonorante" sur la frontière nord. Au-delà du contexte précis dans lequel ils s'inscrivent, ces films posent des questions universelles que les Israéliens n'ont pas complètement résolues (comme en témoigne la récente guerre à Gaza) : Comment un soldat doit-il se comporter face à des civils ? Le soldat doit-il obéir à ses supérieurs en toutes circonstances ?

Dans la peau d'un soldat israélien

Valse avec Bashir

Le réalisateur Ari Folman était soldat au Liban en 1982, il tente avec ce film d'animation très original, de se rappeler quel rôle il a eu lors du massacre de Sabra et Chatila. Retrouvez l'article que j'avais consacré au film et à cet évènement l'été dernier. (chronolgie, lectures,...)

Beaufort

Dans la peau d'un soldat israélien

Il s'agit au départ d'un roman de Ron Leshem qui évoque la dernière année de la défense de Beaufort avant son évacuation en 2000. Le narrateur est Liraz, un jeune officier plein de défauts et de qualités mais apprécié par ses hommes. La vie quotidienne du soldat est présentée de manière détaillée, les souffrances, les frustrations, l'amitié. L'invisibilité de l'ennemi renforce l'angoisse de ces hommes très différents dans le civil mais soudés  par la situation qui les rassemble.

Même si l'action se passe essentiellement dans ce morceau de territoire libanais contrôlé par Tsahal et des supplétifs libanais (la fameuse ALS) de 1982 à 2000, Ron Leshem nous offre une plongée passionnante dans la diversité de la société israélienne, divisée entre Ashkénazes et Séfarades, laïcs et religieux, pacifistes et nationalistes. C'est un très beau roman sur le traumatisme de la guerre, les difficultés de la réinsertion et le peu de considération dont bénéficient les soldats sur le terrain.

Dans la peau d'un soldat israélien

[Carte du Sud-Liban en 2000 avec la position du cchâteau de Beaufort; source]

Le film de Joseph Cedar ne restitue pas complètement l'atmosphère du livre même si Ron Leshem  a coécrit le scénario. Tout en contemplation, il ne nous plonge pas suffisamment dans les tréfonds de l'âme de l'officier Liraz comme le fait le roman.


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