Peter Gabriel
"2"
(1978)
1. ON THE AIR - 2. D.I.Y. - 3. MOTHER OF VIOLENCE - 4. A WONDERFUL DAY INA ONE-WAY WORLD - 5. WHITE SHADOW - 6. INDIGO - 7. ANIMAL MAGIC - 8. EXPOSURE - 9. FLOTSAM AND JETSAM - 10. PERSPECTIVE - 11. HOME SWEET HOME -
Durée : 42'24
Prix / lieu d'achat : 8,49€ sur amazon.fr
Dans la discotèque entre : FRÉHEL et Serge
GAINSBOURG
Mes antécédents concernant l'artiste :
Cet album-là (le 2) il est dans la discothèque de mes chers parents. Je l'avais déjà écouté quelques fois, il y a maintenant un certain nombre d'années et
j'en avais gardé un souvenir plaisant bien que flou.
C'est pourquoi j'ai, bien plus récemment, curieux que j'étais de la carrière solo de Peter
Gabriel, et toujours soucieux dans ma psychorigidité de faire les choses dans un certain ordre, fait l'acquisition de la version CD du premier opus de PG, sommairement baptisé "1" par
l'éditeur.
J'avais été plutôt époustouflé par la qualité de cet album, qui sait mêler imagination et éclectisme, énergie et maîtrise technique. A tel point que j'ai voulu poursuivre l'aventure
gabrielesque en suivant une logique chronopareille et en me replongeant dans ce fameux second opus de PG, sommairement baptisé "2" par l'éditeur.
Pochettes, livrets, packaging... :
Bon, on va pas chipoter, je pense qu'on est tous d'accord, cette pochette est probablement l'une des meilleures de l'Histoire du rock'n'roll au monde de l'univers de ce que je connais.
Ben ouais quoi, cet effet visuel du mec qui arrive à déchirer le papier de la photo sur laquelle il se trouve, tout en donnant une somptueuse vie à l'image, entraine le spectateur vers un jeu
surréaliste délicieux qui lui fait aussi s'interroger sur l'état psychique du sujet au moment de la création de son oeuvre musicale.
Il doit
exister probablement des gens pour démolir avec force arguments ce genre de travail pictural mais moi, franchement, je ne peux pas m'empêcher de me mettre à genoux devant cette pochette (surtout
dans sa version vinyl, évidemment).
Mes impressions à la première écoute :
C'est encore imprégné de la créativité du "1" que je découvre, non sans quelque déception, ce "2".
En effet, si, dans la lignée du premier album, les compositions empruntent leurs couleurs à une palettes de styles très variés, leurs teintes restent bien fades.
Sans doute handicapé par des sons de synthés vachement trop 80s (en avance sur leur temps certes, mais néanmoins exécrables aujourd'hui), cet album ne m'a dévoilé aucune part de génie
flagrant.
De plus, certains morceaux semblent ne pas cacher leurs influences, et cela me déçoit un peu chez Peter Gabriel. Ainsi, les orchestrations au second degré du très rock
Perspective me font penser à Bowie, et les ballades au piano Flotsam And Jetsam et Home Sweet Home évoquent les instants les plus mielleux de
l'oeuvre de John Lennon. Même si ces références sont on-ne-peut-plus honorables, j'aime personnellement à retrouver chez les artistes de grande envergure une créativité qui leur soit propre.
Je sais, c'est cruel, mais c'est ainsi.
Mais finalement, je n'ai pour l'instant aucune crainte quant à ce "2"; je mets cette légère déception
sur le compte de la très-souvent-peu-signifiante première écoute, et espère encore, dans un proche avenir, pouvoir vibrer au son de cet album.
Ajouté le 3 janvier 2008 :
Mes impressions après 1 mois
:
En fait, ma premiètre impression n'était pas si mauvaise, je pense. Cet album a un réel problème. Et je crois l'avoir identifié, ce problème, il s'appelle "professionnalisme".
Déjà musicien de grande expéreinece en 1978, Peter Gabriel sait sans doute parfaitement comment pondre un album. Même si il faut toujours forcément un
minimum d'imagination pour élaborer une oeuvre d'art, je pense que PG a dû trouver une procédure des plus terriennes à appliquer à son processus créatif. Ainsi, les mélodies sont parfaites, les
accompagnements quasi(putain de synthés!)-idéaux , les styles variés et
colorés, mais le tout manque bizarrement singulièrement d'intérêt.
Voilà, le lièvre est levé, la qualité d' une oeuvre musicale ne se mesure pas à sa simple technicité (et là, je crois que je vais faire plaisir à G.T.). Si son auteur et ses interprètes l'exécutent mécaniquement ou par simple nécessité matérielle et oublient d'y laisser
transparaître leurs émotions, d'en faire le véhicule de leur rage, de leur tristesse, de leur joie ou tout simplement de leur trop-plein d'énergie, alors cette oeuvre n'en n'est pas une et se
contente alors d'être un simple produit.
J'ai peur que ce soit le cas de ce PG2.
Pour illustrer mon propos, un exemple pédagogique me vient à l'esprit. Surtout destiné aux amateurs d'automobile. Oubliez la Peugeot 407: avec son profil de charentaise et sa gueule édentée, elle
est trop moche. Mais prenez la précédente Peugeot 406. La version de base, indifférente à l'oeil, était sans doute une voiture agréable à conduire, confortable et fiable, dotée d'une belle
mécanique permettant au conducteur de "se faire plaisir" de temps à autre. Prenez maintenant la version coupée, carrossée par Pininfarina et là, vos yeux voient tout de suite autre chose qu'un
objet mécanique bien huilé fait avant tout pour ne pas déplaire. Avec Pininfarina, les lignes fluides et tendues de l'objet-voiture lui donnent vie en appelant la métaphore chez
l'observateur-commentateur : on va alors parler de félinité, peut-être de féminité, d' élégance, d'évocation de la vitesse (le mouvement immobile), etc.
Voilà, j'ai donc peur que ce deuxième opus solo de Peter gabriel soit juste une bonne vieille berline familiale conduite par un pilote de F1 en vacances.
Ajouté le 29 janvier 2008 :
Mes impressions après 2 mois :
A la relecture, ma métaphore mécanique me parait largement capillo-tractée, mais
reflète toujours aujourd'hui une réalité certaine. Je n'arrive pas à vibrer au son de ce PG2 et je m'étonne encore de ne pas comprendre pourquoi. En analysant la composition de ces morceaux, je
perçois qu'ils ont été conçus avec une indéniable maîtrise de la technique artistique, mais qu'ils manquent cruellement d'un je-ne-sais-quoi d' humain. De ce qu'on appelle le groove,
peut-être...
Les
deux morceaux qui m'ont le plus marqué :
...à tel point que j'ai du mal à choisir deux pièces remarquables parmi cette oeuvre, même pour une
quelconque médiocrité, car aucune chanson de cet album n'est réellement mauvaise non plus.
Sans grande motivation, je vais tout de même tenter de retenir Perspective et Home Sweet Home pour ses soli de saxo, dûs à Timmy Capello, et selon moi
seuls susceptibles de dégager un tant soit peu d'humanité de ce PG2.
Le coin du synesthète :