Mais pour Arkel, petit angel amoureux d'Estelle ; ce qui, même pour des angels, fait tout de même beaucoup d' « l » - n'en a cure : lui, il veut la sauver. C'est son destin, ou du moins, sa folie du moment. Et il quittera le Paradis où l'on s'ennuie tant pour retrouver la belle. Et découvrir qu'elle n'a d'yeux que pour Gordh, sinistre seigneur démoniaque. Rattrapée finalement par l'Annulateur, Estelle va subir un bien sinistre sort : changée en démone, elle devra plonger dans les sables mouvants pour récupérer des larmes, pierres précieuses rares, que Gordh convoite plus que tout...
Fin du tome I
Captifs et reclus, Arkel doit amuser les diables pour préparer la cérémonie du Grand bouc puant, avec le concours de rots et de pets... tandis qu'Estelle plonge chaque jour, se déchirant les poumons en cherchant des larmes. L'avantage avec les démons, c'est qu'ils ne crèvent pas : le sable les fait juste souffrir... Mais vient le temps de la vengeance, et les deux compagnons de cellule parviennent à s'échapper. Une course s'engage pour trouver le plan qui destituera Gordh, mais avant tout comprendre pourquoi il cherche à acheter l'Envers.
Les voies du Seigneur seront-elles impénétrables pour ses anciens prisonniers ? Et si les larmes sont la clef de tout, comment en acquérir plus que lui ?
Ce diptyque ne manque pas de qualité : outre une double aventure sympathique, il nous plonge dans un univers très personnel. Mais autant le scénario de Desberg n'est pas toujours des plus fantasques, voire tombe çà ou là dans des choses un peu convenues, ou prévisibles (trahisons et autres), autant cet amour du petit Arkel pour son Estelle devient attachant à force de naïveté et d'innocence. Qu'elle ne manquera pas de lui renvoyer en pleine face en permanence. Mais soit. Cela dit, le rythme est correct, sans temps trop morts. Ca s'avale facilement.
Toute la force de ce monde, c'est bien le dessin d'Hardy qui l'apporte. L'apprécier, c'est l'adopter : personnellement, il m'a laissé de marbre, limite l'impression de retrouver les traits des Femmes en blanc, pas franchement funky. Mais il donne clairement au monde ce côté sombre et pourtant un peu fou, naviguant sur une planète loufoque peuplée d'être zarbis et hideux. Non, pire que ça : disproportionnés, des ramassis de créatures refondues avec des pattes de crabes, un corps de poulet et une tête boursouflée de n'importe quoi. Ou encore un corbeau qui déambule avec les poignets tranchés, et une main posée sur l'épaule.
Bref, toute une ménagerie sinistre, loufoque et grotesque qui donne à l'ensemble une vie saugrenue au possible dans laquelle se débattent une ancienne Angèle, nouvellement déchue et un Angel transi d'amour sans grand espoir. C'est touchant, ça ne mange pas de pain, et c'est assez frais pour passer un bon moment. Maintenant, c'est à vous de voir.
Ange et Diablesses : Au plus haut des cieux et La nuit du grand bouc, publiés chez Dupuis, par Hardy et Desberg, 13,50 €.