Aya de Yopougon (tome 4)
Je vous ai déjà longuement parlé des trois premiers tomes d'Aya de Yopougon écrits par Marguerite Abouet et dessiné par Clément Oubrerie. L'atmosphère d'Abidjan, capitale économique de la Côte d'Ivoire, dans ces années 1980 où semble fonctionner le "miracle ivoirien". J'ai enfin réussi à lire le tome 4 qui, comme les précédents, nous fait entendre ce parler délicieux et plein d'expressions très imagées. Plus que les précédents, ce tome évoque les liens entre la Côte d'Ivoire et la France par le biais de l'émigration. Les dialogues les plus savoureux de l'ouvrage naissent de l'incompréhension entre un Abidjanais fraîchement débarqué et les Français qu'ils croisent, notamment dans le métro, haut lieu de la sociabilité parisenne... Par ces dialogues et des situations rocambolesques, les auteurs nous montrent la difficulté de l'intégration des immigrés malgré les bonnes volontés. On ne tourne donc pas en rond dans cette série décidément très réussie. On attend la suite ! [Publié chez Gallimard dans la collection de Johan Sfar
Journaliste : A qui sert la presse ?
Mineo Mutsu est journaliste à Tôkyô au quotidien Maiasa Shimbun (shimbun veut dire quotidien en japonais). Il a un caractère bien trempé et va au bout de ses idées. Le scénariste Funwari (c'est un pseudo qui signifie moelleux...) et le dessinateur Masao Yajima nous montrent les dessous du journalisme d'investigation. En plongeant dans les histoires parfois sordides de la société japonaise sur lesquelles enquête Mineo, on mesure la difficulté du travail journalistique aux prises avec l'autocensure, les pressions poltiques et financières et le goût du sensationnalisme. Les auteurs enchaînent les enquêtes que l'on peut lire indépendamment, toujours en tentant de répondre à cette question mise en exergue : A qui sert la presse ? Une question encore plus aigüe avec la crise que traversent actuellement les journaux (disparition de journaux acentenaires aux Etats-Unis, concurrence de la presse en ligne,...). Le Japon, dont les journaux sont les plus diffusés au monde (plus de 10 millions d'exemplaires quotidiens pour le Yomiuri Shimbun !) n'échappe donc pas à cette réflexion.
Malgré ses défauts et sa vie sentimentale un peu difficile, on s'attache à Mineo et à ses combats qui semblent perdus d'avance pour la recherche de la vérité. Sa fille Sara est une précieuse alliée dans sa quête. Deux tomes sont déjà parus en français dans la très bonne collection Akata de Delcourt.
Voici enfin deux BD que je n'ai pas encore eu le temps de lire mais qui me semblent intéressantes :
Piscine Molitor : Une biographie de Boris Vian
L'artiste est mort il y a 50 ans cette année et de nombreuses publications reviennent sur son parcours et l'oeuvre. Cailleaux et Bourhis publient une BD dans la collection Aire Libre chez Dupuis.
Pour en savoir plus et écouter quelques uns des titres les plus connus du poète et musicien, rendez-vous sur l'histgeobox :
- 80. Boris Vian :"La complainte du progrès"
- 83. Boris Vian "La java des bombes atomiques"
- 153. Boris Vian:"le déserteur"
Une vie chinoise : la Chine au temps de Mao
Voici un mahnua qui n'a pas été édité en Chine. Il faut dire qu'elle aborde une période encore peu "refroidie" de l'histoire récente de la Chine : les années Mao, en particulier le "Grand Bond en avant" de la fin des années 1950. Trois tomes sont prévus chez Kana. Le premier intitulé "Le temps du père" vient de sortir. Le scénariste est européen mais a vécu en Asie, il s'agit de P.Ôtié qui a adapté l'histoire de Li Kunwu. Celui-ci est aussi le dessinateur puisqu'il a été pendant plusieurs années artiste au service de la propagande du régime communiste
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