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Le Staff Benda Bilili de Kinshasa fait partie de ces découvertes étonnantes que j’ai réalisées par ces canaux. Na lingi yo. Un groupe de paralytiques joue un morceau de leur répertoire quelque part dans la grande terre de la République démocratique du Congo. L’ambiance est bon enfant. Le morceau est bien rythmé, nos amis mettent du cœur à l’ouvrage. Et puis, il y a ce jeune qui fait penser à ces shégués (enfants de la rue à Kinshasa) avec cet instrument à corde rustique fabriqué de ses propres mains avec la créativité de cette jeunesse congolaise abandonnée à elle-même. Il semble absent quand il joue de son étrange instrument qui, comme la guitare pour certains musiciens, semble être un prolongement de lui-même tellement ils communient ensemble.
J’ai regardé cette vidéo plusieurs fois avant, comme c’est souvent le cas quand je surfe, de passer à autre chose sur le web. Le concept cependant était si original que lorsque mon ami blogueur de Kotoonteej a communiqué sur l’imminence d’un concert du groupe au Cabaret sauvage de Paris, l’occasion était trop belle de voir en live ce groupe congolais lors du Black Summer festival.
Le billet couvrait trois spectacles : Kinono N°1 – Kassaï All Stars – Staff Benda Bilili. Des groupes de la RDC.
La soirée fût belle. Même si je regrette de ne pas avoir assisté à la prestation de Kinono N°1 du fait de ma condition de banlieusard travailleur, le spectacle du groupe du Kassaï All Stars et surtout le show du Staff Benda Bilili m’ont ravi au-delà de toutes espérances. Et dans la salle comble du Cabaret sauvage, je crois que ne pas avoir été le seul à jubiler autour de la scène. La raison de cette ferveur ? La musique surement qui dans son ensemble fût de très bonne facture, mais surtout l’énergie de ces artistes sortant de l’ordinaire. Ils vivaient ce moment à fond, me faisant penser à un autre artiste qui savait suer sur scène et auquel ils ont fait un joli clin d’œil dans leur morceau Je t’aime.
Naturellement, je me suis demandé ce qui m’émouvait le plus. Leur handicap qu’ils dépassaient tous si magnifiquement, l’espérance que tout est possible à qui sait attendre quand Didier m’a raconté l’histoire de ce groupe depuis un an, Cinderella, ou tout simplement ce show et le public bigarré communiant avec ces tenants de la rumba congolaise, ou peut-être le morceau Polio qui raconte l’histoire de ces hommes nés valides et que cette maladie a rendu invalides.
Peut-être aussi que mon émotion était due au fait qu’à côté de la belle histoire de ce groupe, dans le système « débrouillez vous pour vivre » qui assomment les congolais, l’écho de toutes ces chroniques de vie que Congoblog, ou l’écrivain In Koli J. Bofane racontent si bien trouvaient, sous le chapiteau du Cabaret Sauvage, une belle caisse de résonnance.
Bonne continuation les amis !