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SCOTT CANTRELL ::: 30 ans déjà - par Pierre Mikaïloff

Publié le 17 juillet 2009 par Gonzai

20 juillet 1979 : quelques grammes d'acier s'invitent dans la boîte crânienne d'un adolescent de 17 ans. Pendant ce temps, sur l'écran, Neil Armstrong fait des galipettes sur le sol lunaire. Et Anita Pallenberg dans tout ça ? Elle fait ... le ménage.

« [...] Plus près de nous, Anita Pallenberg allait être, elle aussi, impliquée dans un fait divers incluant une arme à feu. Un Smith & Wesson, calibre 38, cette fois-ci.

L' « ex-épouse » de Keith Richards - si l'on considère comme valable le mariage païen qu'aurait célébré l'ami du couple, Kenneth Anger - est déjà une survivante, elle qui a vu tomber nombre de ses amis, lorsqu'elle se retrouve à la une des journaux, à l'été 1979. Celle qui fut l'une des plus excitantes créatures des années soixante est alors âgée de trente-sept ans et a quelque peu perdu de son lustre. Non que trente-sept ans soit un âge canonique, mais la vie d'Anita Pallenberg aux côtés de deux Rolling Stones - Brian Jones puis Keith Richards, sans oublier sa brève aventure avec Mick Jagger - n'a pas été de tout repos. Et seul un médecin sportif pourrait lui en remontrer en matière de préparations chimiques.

SCOTT CANTRELL ::: 30 ans déjà - par Pierre Mikaïloff
Anita passé l'été dans une propriété sise dans le hameau de South Salem, pendant que Keith est en train de bûcher sur le prochain album mou de ses Rolling Stones. A dire vrai, elle ne sait plus très bien où... N'a-t-il pas dit Paris ?... A moins que ce ne soit Munich ?... Cela n'a pas grande importance de toute façon, leur couple étant devenu une suite de rendez-vous, ennuyeux dans le meilleur des cas, orageux le plus souvent. A tel point que Keith lui dédiera All About You[1], sur l'album qu'il est en train d'enregistrer, Emotional Rescue, dont les deux premiers vers font :

« Well if you call this a life, Why must I spend it with you? »

Quelques vers plus loin, Keith exprime à sa chère et tendre épouse sa sincère lassitude :

« So sick and tired hanging around with jerks like you... »

Avant cette conclusion sinistre :

« You're the first to get blamed, always the last bitch to get paid. »

C'est donc l'inspiratrice de cette « chanson d'amour » qui est étendue sur son lit avec Scott Cantrell, un adolescent de dix-sept ans, qu'elle héberge en échange de quelques menus travaux domestiques. Scottie est si serviable...

Ce soir-là, ils regardent tranquillement un programme télé commémorant le dixième anniversaire des premiers pas de l'homme sur la Lune en buvant du vin. Afin d'être plus à l'aise, ils se sont glissés sous la couverture - en gardant toutefois leurs vêtements,  précisera Anita ultérieurement.

A ce stade, tous les ingrédients sont en place pour un fait divers, vous en conviendrez. Une affaire de mœurs qu'on résumerait par : « LA FEMME DE KEITH RICHARDS SURPRISE AU LIT AVEC UN ADOLESCENT, PENDANT QUE LES ROLLING STONES TRAVAILLENT DUR A PARIS ! ». Mais ce n'est pas encore assez... Avec un titre comme ça on tient, au plus, une journée. Heureusement pour les tabloïds, le sort va s'en mêler.

A un moment, Anita se lève - « Pour ranger la pièce », précisera-t-elle ultérieurement. Lorsqu'elle entend le déclic caractéristique d'une détente de Smith & Wesson et se retourne vers Scott Cantrell, il est déjà trop tard. Une déflagration déchire l'air. Pendant ce temps, Neil Armstrong finit tranquillement de descendre sa petite échelle et s'apprête à prononcer une phrase historique...

Cantrell décèdera deux heures plus tard. La balle qu'il s'est logé dans la tempe ne laissant que peu de marge de manœuvre aux chirurgiens qui tenteront de le sauver.

On soupçonnera une partie de roulette russe... Anita Pallenberg démentira formellement.

De son côté, la famille de l'adolescent déclarera que Scott n'était nullement dépressif et que la thèse du suicide ne cadrait pas avec sa personnalité.

Comme on le fait toujours en pareilles circonstances, on supposera beaucoup. Mais seules les deux personnes présentes dans la chambre ce soir-là connaissent la vérité. Et il n'en reste qu'une en état de parler. [...] »

Extrait de « Noir Désir, Bertrand Cantat : un destin rock », de Pierre Mikaïloff, éd. Alphée, 2009.


[1] All About You - Mick Jagger, Keith Richards - Colgems-EMI Music, Inc, 1980.


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