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La France et son « immigration choisie » : Des dégâts collatéraux

Publié le 02 octobre 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

ECLAIRAGE RELATIO: Un bon humoriste en ferait une joie saynète. Hortefeux avec « l’immigration choisie » de Sarkozy fait fuir des « cerveaux » qui aimeraient venir en France et qui, bien sûr, pourraient contribuer au rayonnement de « ce beau, cher et grand pays »… Ce n’est pas dans les bidonvilles de l’Afrique subsaharienne que la grogne monte : c’est dans les chancelleries, les universités, les laboratoires,  les sièges sociaux de grandes entreprises…

Selon Le Monde, dans un article bien documenté,  des critiques, inattendues de ce X ième texte « protecteur » viennent de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), pourvoyeurs de cadres qualifiés, mais aussi de Français mariés avec des étrangers. Joli, non ? Mais nous défendons l’UNESCO à Paris, le Conseil de l’Europe, les droits de l’Homme, une partie du  parlement européen et d’autres organisations européennes  à Strasbourg et toutes nos métropoles rêvent d’acquérier une dimension internationale plus grande…

Ce n’est qu’une illustration de plus de l’incapacité de  nos services (bureaucratiques) d’anticiper toutes les conséquences des innombrables textes de lois et de règlements pondus. Et donc une preuve de plus de la sottise de quelques unes de nos têtes politiques qui ignorent que les « con-signes » données en haut sont souvent appliquées sottement sur le terrain, en l’occurrence dans nos consulats déjà devenus synonymes de citadelles de l’esprit kafkaïen

Je cite Le Monde : « Le projet de loi vient, aux yeux des cadres étrangers, alourdir encore un peu plus le parcours du combattant que devient une installation en France. La précédente loi de juillet­ 2006 avait déjà rendue obligatoire la signature d'un contrat d'accueil et d'intégration (CAI) pour tout nouvel arrivant, même pour les salariés en mission temporaire.

L'ambassade du Japon à Paris ne cache pas avoir « effectué un certain nombre de démarches pour faciliter l'installation de [ses] ressortissants ». « Le processus pour obtenir une carte de séjour comme pour faire venir sa famille est très compliqué et prend du temps. Ce qui n'est pas très efficace. Des préfectures demandent aussi aux Japonais de suivre des cours de français, ce qui leur est quasiment impossible lorsqu'ils travaillent", explique un représentant de cette ambassade. »

Face à ces agacements, le ministre de l'immigration aurait demandé, voilà une quinzaine de jours, à l'Agence nationale d'accueil des étrangers et des migrations (Anaem) de ne plus imposer de CAI aux salariés des groupes internationaux en mission. Tiens, tiens… Cela veut dire quoi, au juste ?

Un amendement sénatorial (télécommandé) au projet de loi devrait mettre un terme « définitif » à cette situation, qui, reconnaît-on dans l'entourage de M.­ Hortefeux, devenait « ridicule ». Quel bel optimisme ! Comme si un amendement allait suffire pour gommer ce qui va rester ridicule et affligeant. Même nos voisins et partenaires européens font depuis des mois  des contraintes françaises un argument en leur faveur pour attirer des investisseurs étrangers. Logique : l’appartenance à la famille européenne ne gomme pas des rivalités saines. Et quand on cherche des « têtes bien faites », c’est « l’immigré » qui fait « l’immigration choisie »…et non le pays d’accueil qui dès ses guichets consulaires se fait si peu hospitalier.

Le dispositif sera aussi, c’est logique,  discriminatoire, notamment pour les couples binationaux qui sont de plus en plus nombreux… « Le Monde » cite Patrick Weil qui étudie ces problèmes et les questions d’identité depuis plus longtemps et nettement moins superficiellement que M. Hortefeux : « L'image de la France que cela va donner tant aux Français de l'étranger qu'aux étrangers eux-mêmes sera désastreuse ! »

Mais ne désespérons pas : « on » dit  jouer les cartes « compétences et talents », alors ? …

Daniel RIOT


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