Ils viennent acheter ce qu'ils ne peuvent pas trouver chez eux : les trois T du tabou chinois. Tibet. Taiwan. Tian'anmen.
Dès l'aéroport, les ouvrages censurés par la Chine apparaissent clairement sur les étals, et bien que l'importation de ces livres soit réprimandée, les lecteurs semblent prêts à prendre le risque. Une chance rare pour un secteur en berne, où les ventes semblent toujours alimentées par la soif des Chinois venus en curieux, pour trouver des ouvrages interdits.
La semaine prochaine s'ouvrira la 20e édition du Salon du livre de Hong Kong : pour 2008, l'affluence fut record, avec 830.000 personnes, soit quatre fois la présence constatée en 1990. L'avantage de cette liberté d'expression devrait, une fois encore, regrouper des visiteurs chinois en masse.
Rares sont les occasions de découvrir la biographie de Mao, façon L'histoire secrète, comme Jung Chang et Jon Halliday l'ont publié en 2006. Ou encore les documents secrets du parti communiste chinois sur la place Tian'anmen. Autant d'ouvrages qui ne feraient pas long feu chez leur voisin.
En outre, les dissidents ne manquent pas de se multiplier sur le terreau fertile de Hong Kong : face ua régime strict, l'île apparaît comme un havre de liberté et d'audace, par contraste. Ici, la liberté d'importer à loisir des magazines mesure toute la force de l'indépendance, autant qu'elle sert de baromètre libertaire. Et les livres, pas plus que leurs lecteurs, ne sont pas inquiétés de ce qui peut leur arriver : l'obédience politique ne compte pas dans une librairie.