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Radiohead, l'onde de choc

Publié le 03 octobre 2007 par Critikacid

Le groupe de Rock Radiohead, l'un des plus inventifs et intelligents qui ait émergé ces dernières années, vient d'envoyer une onde de choc en mettant - à compter du 10 octobre - son nouvel album en téléchargement, à la disposition de tous les internautes, et ce pour le prix de leur choix, y compris ... gratuitement.

Evidemment, cette décision spectaculaire pose une question de taille concernant l'avenir de la musique, de la création, de sa distribution.

Radiohead, bien sûr, pouvait se le permettre: riches à millions (grâce à leur talent sans aucun doute), il peuvent se permettre ce luxe, une fois leur album enregistré et promu à leurs frais, en se disant que chaque penny qui rentrera sera en quelque sorte un bonus - et puis, je doute fort que leurs concerts futurs soient gratuits.

Mais l'on mesure avec cette opération à quel carrefour en est arrivé ce qu'il faut bien appeler "l'industrie musicale" - quoique dans cette caractérisation même gise le lièvre, on le verra.

D'un côté, les maisons de disques, lesquelles affirment que sans elle, la musique vivante mourrait, puisque, expliquent-ils, ce sont leurs profits qui permettraient de "prendre des risques" en lançant des musiciens "inconnus".

Mais l'étalage d'affiches sur les murs de Paris ces derniers mois indique dans quel rapport le vivant et le mort coexistent chez les majors : Police, les Who, Genesis, et on en oublie, remplissent les stades. La manie de la reformation sans création neuve est symptomatique d'une situation où le passé empêche le futur d'éclore, l'écrase à coup de tournées géantes et de promotions disporportionnée.

La mise en avant des dinosaures est complétée par l'utilisation tout à fait abusive d'un fonds, d'un "catalogue" comme ils disent, qui voit les maisons de disques empocher les royalties tandis que les compositeurs, les créateurs, et même les interprètes, sont déjà dans la tombe. En d'autres termes, l'exploitation d'un patrmoine musical qui devrait être le bien commun.

De l'autre, une véritable "désintermédiation" sur le net (par exemple : myspace), mais qui est aussi une fragmentation du monde de la musique jusque dans l'inifiniment petit. Et qui est doublée du phnomène du téléchargement en masse, lequel n'empêche certes pas les ventes de disque (on télécharge aussi et peut-être surtout ce qu'on aurait pas les moyens d'acheter). Mais qui les ronge, les amoindrit, et qui est totalement irréversible.

Le signal émis par Radiohead est celui d'un tournant.
Il peut augurer d'un mode de création et de diffusion se passant des maisons de disques, renvoyées au musée avec le grammophone, d'autant qu'avec les progrès techniques, tout un chacun est à même d'enregistrer son disque pour ainsi dire dans sa cuisine, et de le diffuser sous tous les supports de son choix, à commencer par internet.

Oui mais...

Comme dans le même temps, le passé muscial d l'humanité reste privatisé, enchaîné par les liens du copyright, comme dans le même temps seuls les groupes déjà connus peuvent se permettre de donner leur musique, dns les conditions sociales actuelles, le risque est grand que l'émiettement musical, le cyber-éparpillement interdise finalement à qui que ce soit de vivre de sa musique, de vivre comme musicien. 

Certes il y a et il y aura toujours ce qui fait la base de la musique : les concerts. Mais là encore, les conditions sociales actuelles font que, au lieu de libérer la musique populaires des chaînes (ajoutons les chaînes de télévision), il s'ensuive un affaissement généralisé de la création (qui est un travil à temps plus que plein). 

A moins que...

A moins que se substitue à l'ossification de la musique par les multinationales un autre système permettant à la fois la diffusion et la promotion de la création. Que le "catalogue" (à commencer par celui de la musique classique) soit libéré de sa prison privée et mis à la disposition de tous. Que les musiciens s'organisent entre eux pour faire éclore de nouveaux talents autrement qu'en subissant ceux choisis par "la nouvelle star" et cie.

Bref, que de nouveaux collectifs, d'artistes mais aussi de toute la population, ce qui suppose le recoursà l'Etat, un Etat certes totalement différent de celui que nous subissons aujourd'hui, s'imposent et fassent connaître largement ce qui est menacé par l'éparpillement dans lequel ne surnageraient, comme dans le système actuel, que les "stars". Là encore les technologies decommunication de masse pourraient jouer un rôle d'accélérateur de la création de tels collectifs, assez forts pour se faire entendre dans ce qui ressemblerait sinon à une véritable cyber-cacophonie.

La voie est étroite, mais hors de celle-ci quelle alternative y-a-t'il entre ossification et émiettement?


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