Je végétais parmi les décombres de ma vie, herbe folle agitée par des vents capricieux. L’esprit en vrac, pour parler vite: j’ai du mal, depuis une certaine tragédie qui m’a dévasté il y a quelques années, à faire la part du vrai et du faux, du réel et de l’imaginaire. Je confonds, je crois entendre, je parle à mes visions, en proie à des extravagances mentales.
Il n’empêche, quelques pas de danse, ça ne se refuse pas quand on fait tapisserie dans un studio misérable. Alors, je me suis lancé sur la piste. Une femme m’a tendu les bras, puis la musique s’est emballée, les lumières se sont éteintes, des coups de feu ont retenti et on a commencé à ramasser les cadavres. J’ai eu du mal à m’y reconnaître, dans mon état. Le tango ? Sait-on jamais avec qui on le danse ? Qui a écrit la partition ? Qui la joue ? Méfiance… Tango, parano. Ça rime à quoi ?
Éditions ATELIERS IN8