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Incasable

Publié le 26 juillet 2009 par Boustoune

Petite, Lili s’imaginait actrice célèbre. Mais, la trentaine passée, elle se retrouve engluée dans une vie minable. Elle n’a pas de travail, et encore moins de logement, ce qui l’oblige à squatter chez sa sœur et son beau-frère. Et niveau sentimental, ce n’est guère plus brillant, puisqu’elle collectionne les aventures sans lendemain. Son problème, c’est qu’elle se rend facilement invisible aux yeux des autres. Personne ne fait attention à elle, personne ne la remarque.
Elle s’imagine que c’est parce qu’elle n’est pas intéressante, qu’elle est la ratée de la famille, bien loin de cette sœur modèle à qui tout semble sourire et auprès de laquelle elle se sent nulle. Jusqu’au jour où elle découvre qu’elle a la possibilité de devenir réellement invisible, et que ce mystérieux pouvoir se manifeste de plus en plus souvent.
Un docteur farfelu et son équipe vont la prendre en charge et lui indiquer une thérapie qui passe par l’acceptation d’une vie banale – boulot médiocre mais stable, mec ringard mais aimant et attentionné, petit appart personnel…
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Il y a deux façons d’appréhender La femme invisible, le premier long-métrage d’Agathe Teyssier.
Soit au premier degré, et le voir comme un film de super-héros complètement décalé et barré, le plus fondamentalement original depuis l’Incassable de Night M.Shymalan.
Soit au second degré, comme une fable loufoque mais universelle sur la difficulté de s’accepter soi-même et le renoncement – ou non – à ses rêves d’enfants.
Dans les deux cas, on ne manquera pas de lui trouver un certain charme, qui tient autant aux situations présentées qu’aux comédiens, tous très bons.
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Julie Depardieu est parfaite dans le rôle-titre, évoluant dans son registre de prédilection, la fille à la fois fantasque et ordinaire qui tente d’échapper à la banalité des choses. Ni Wonder Woman, ni Super Jaimie, elle campe une héroïne moderne, vulnérable et désabusée, mais déterminée à vivre sa vie pleinement.
A ses côtés, on trouve un joli casting composé de seconds couteaux talentueux – Eric Naggar, Lolita Chammah, Alban Casterman – et d’acteurs reconnus – Charlotte Rampling, Micheline Dax ou Jeanne Balibar, dans un petit rôle final savoureux… Tous semblent beaucoup s’amuser.
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Pourtant, le potentiel comique de l’œuvre est, hélas, insuffisamment exploité par la cinéaste, qui peine à insuffler le rythme nécessaire et clôt son film un peu rapidement, au moment où les péripéties commençaient à devenir délicieusement loufoques. Dommage… Mais sans doute Agathe Teyssier a-t-elle cherché à préserver le côté doux-amer de son œuvre. Après tout, le sujet est loin d’être gai. Si on enlève toute la fantaisie tournant autour des super pouvoirs de Lili, le scénario ne fait que dresser le portrait d’une femme mal dans sa peau et seule à crever, qui prend conscience brutalement du décalage qui existait entre ses rêves d’enfant et sa vie actuelle, d’une banalité déprimante.
La femme invisible aborde donc des thématiques graves et sensibles sur le mode de la légèreté et de la fantaisie, n’hésitant pas à sortir des sentiers battus. Il s’agit d’une oeuvre n’entrant dans aucune catégorie, une oeuvre “incasable” qui risque de dérouter une partie du public habitué à des constructions plus rigoureuses et plus balisées. Mais l’ensemble possède aussi suffisamment d’énergie et de qualités pour s’attirer la sympathie des spectateurs.
A découvrir donc…
Note : ÉtoileÉtoileÉtoileÉtoile
La femme invisible

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