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Bancs publics (Versailles rive droite) (Bruno Podalydès)

Par Interstella_fr

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Lucie arrive à son bureau et découvre, accrochée sous une fenêtre de l’immeuble d’en face, une banderole noire avec écrit : « HOMME SEUL» . Est-ce un gag, un cri du cœur, un appel au secours ? Lucie et ses deux collègues s’interrogent et décident de mener leur enquête… A midi, elles pique-niquent à côté, au « SQUARE DES FRANCINE» . Là, les amoureux graves, les solitaires enjoués, joueurs de tous âges, tournent autour du joyeux jet d’eau.
La ronde continue en face, au magasin « BRICO-DREAM»  où, sous les conseils plus ou moins compétents d’une équipe de vendeurs en sur-effectif, les clients calculent, échafaudent, tendus, angoissés, ayant peur de repartir avec des étagères trop courtes, des vis trop longues… A la fin du jour, aurons-nous croisé l» ‘homme seul»  parmi la multitude de ces personnages affairés ? [résumé Allociné]

C’est un film étrangement inégal que voici. Les trois parties sont très (trop ?) distinctement découpées, même si l’on y retrouve certains personnages ; du coup, on a réellement une impression de sketches (ou de gags) qui se suivent, avec une tentative de fil rouge tout autour.

C’est ainsi qu’alternent scènes amusantes, scènes ratés, scènes attachantes, scènes ennuyeuses, scènes poussives, scènes bien vues… avec la liste d’acteurs célèbres à l’affiche, que l’on voit en moyenne quelques minutes ou secondes chacun.

Ce qui est amusant, c’est qu’en parlant avec d’autres spectateurs, il est très fréquent que les scènes que les uns ont aimées ont horripilé les autres, et inversement… Il faut accrocher à l’humour (relativement basique) des frères Podalydès, il faut aimer les acteurs, il faut adhérer au principe de ce film en morceaux… Mais finalement, ça marche, au moins à moitié, grâce à ce regard un peu distant sur ces microcosmes contemporains, se gardant de tomber dans le cynisme,

Je retiens : les cartouches géantes de la machine à café, la technicité extrême et précise du personnage d’Olivier Gourmet ainsi que de son client Pascal Légitimus, le ping-pong entre Nicole Garcia et Vincent Elbaz (ancien professeur / ancien élève), l’inquiétude morbide des parents d’un nouveau-né (Mathieu Amalric et Stéphanie Cléau), et Benoît Poelvoorde en acheteur de patère invasif. Les petites allusions à Tintin (la fusée, la Syldavie) sont toujours d’agréables clins d’œil. On remarque aussi Eric Elmosnino en clochard aviné à l’élocution parfaite, préfigurant peut-être une prestation notable dans le rôle de Serge Gainsbourg, dans le film de Joann Sfar, à venir.

Même si le résultat n’est pas là, ou en tout cas pas assez, l’intention derrière tout cela reste louable et attachante : cette façon de capter de petits détails derrière lesquels se cachent une détresse infinie (à l’image de cette enseigne lumineuse, Brico-Dream, dont le e tombe en panne, pour former Brico-Dram) ; et ce refus de faire un film lisse, facile, trépidant, truculent, crépitant. Une manière de rester proche du réel, avec son côté parfois triste et inégal.

La conclusion est néanmoins plutôt maladroitement amenée et assez peu subtile, et donne une note finale un peu amère.


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