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Et les morts nous abandonnent de Raj Kamal Jha...

Par Naila

http://www.decitre.fr/gi/05/9782742772605FS.gifSi ça vous tente lisez-le en même temps que moi…

Voila ce qu’en dit Télérama :

Ainsi, les morts nous abandonneraient à notre solitude, à notre culpabilité. C'est ce que pourrait raconter, en quatre cents et quelques pages foudroyantes, ce roman d'un jeune auteur indien, Raj Kamal Jha. Pourrait, car tout tangue dans ce récit, jusqu'à l'obsession, le désarroi, l'ivresse : la construction narrative, le suspense, les délires, l'horreur, le vrai, le faux, et les personnages, vivants ou morts, rescapés ou fantômes, comment savoir, ils sont tous dans le même chaos. Tout commence une nuit de 2002 dans un bout du monde, l'Etat de Gujerat, en Inde. Des émeutes entre musulmans et hindous font près d'un millier de victimes. Attentats, massacres et représailles. Le pays est à feu et à sang. Raj Kamal Jha, qui est aussi journaliste, a arpenté cet enfer. Il confie à la fiction le soin de dire la haine.?Son narrateur, Mr Jay, est un candide. Son épouse vient d'accoucher, et qu'importe si ce fils tout juste né n'est qu'une petite masse difforme et muette, qu'importe s'il n'a rien d'humain, sauf deux grands yeux qui scrutent le monde. Mr Jay décide d'aimer et de protéger cet enfant – « Un père a envie de partager des choses avec son fils. Un père a des rêves pour son fils ». Tous les deux traversent leur cité mise à sac et courent vers un avenir improbable. Pour l'heure, incendies et destructions illuminent la nuit d'un rouge phosphorescent. Il pleut des cadavres.

Pour raconter la folie, la foule aveugle, en proie au fanatisme, aux violences inouïes, Raj Kamal Jha use de tous les subterfuges littéraires, fait se côtoyer le fantastique et la réalité, la fable et le récit. Il progresse en douceur, calfeutre la frénésie, va de doutes en pic de fièvre, de naïveté en atrocités, de délicatesse en mystère. Il hypnotise son lecteur, l'hallucine, le plonge dans l'extravagance, l'interpelle, lui fait croire à l'impensable, à l'inavouable. D'une langue ample, qui s'abandonne à d'espiègles circonvolutions, à de pathétiques vérités, l'écrivain prouve - s'il le fallait - l'implacable force de la littérature. Et les morts nous abandonnent est le roman de tous les dangers, de toutes les monstruosités, fureurs, inhumanités. Le roman de la puissance ténébreuse de l'imaginaire, de l'insondable soif de compassion.

Martine Laval

Telerama n° 3075 - 20 décembre 2008


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