Anthologie permanente : Ophélie Jaësan

La Forêt

L’angoisse, une explosion ventriculaire.
C’est une forêt gavée d’arbres.
Chaque arbre cherche à être celui qui tendra
le plus haut ses moignons vers le soleil.
Un oiseau s’égosille dans le lointain.

Crépuscule.

Les ombres passent entre les troncs noirs
et je me tords les doigts, la terre est trop dure.
L’odeur de l’humus pétrifie la langue.
La salive fait une pâte avec la poussière,
on croirait mâcher du papier de verre.

Des corbeaux, une chouette.

Plus loin, l’oiseau s’égosille
toujours tandis que les ombres
continuent de passer
et que la forêt résonne
du chant des morts.

Ophélie Jaësan, La Mer remblayée par le fracas des hommes, Cheyne Éditeur, 2006, (Prix de la Vocation), p. 52

Ophélie Jaësan dans Poezibao :
Note bio-bibliographique,
extraits 1

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