Quatrième de couverture : " William Monk, inspecteur de police chevronné, se réveille à l'hôpital. Violemment agressé il y a quelques semaines, il a perdu la mémoire. Ce qu'il s'empresse bien de taire à ses supérieurs, qui auraient tôt fait de l'exclure manu militari de la police londonienne. Revenu à la vie professionnelle, il mène parallèlement une enquête sur le meurtre d'un jeune aristocrate, survivant de la bataille de Crimée, et sur lui-même. Il découvre d'abord qu'il n'était ni très sympathique ni très aimé, et qu'il avait laissé tomber sa famille, d'origine trop modeste, pour mieux réaliser ses ambitions. Il se rend compte aussi qu'il avait été mêlé de très près au meurtre sur lequel son supérieur, qui veut sa peau, le laisse investiguer... "
Dans ce premier roman de la série des "Monk", nous faisons connaissance avec le héros, William Monk, à un moment crucial de son existence, lorsqu'il se réveille dans un hôpital, ayant complètement perdu la mémoire. Grâce à la visite de son chef, le commissaire Runcorn, il apprend comment il se nomme, et quel est sa profession. Mais tout lui reste à découvrir, concernant sa personnalité, sa vie passée, sa famille... Le portrait qu'il parvient à tracer ne lui plaît qu'à moitié : un homme passionné par son métier, épris de justice, méthodique, mais arriviste, caustique, et sec de coeur... Peut-être, se dit-on, cette amnésie survient-elle à point nommé dans son existence, lui permettant une salutaire prise de conscience ! Monk se remet en cause, tente de s'amender, mais la tâche est ardue.
Par ailleurs, son amnésie constitue un redoutable handicap dans son profession. Il lui faut reprendre une affaire en cours, particulièrement délicate, dont il n'a aucun souvenir. Il s'agit d'un meurtre particulièrement sordide : Joscelin Grey, le dernier fils d'un lord, a été assassiné à son domicile. Ce crime semble mystérieusement lié à une autre mort violente, survenue quelque quinze jours auparavant : il s'agit du suicide de Mr Latterly, un gentleman avec lequel le jeune Grey entretenait des relations d'affaires. Alors qu'il enquête sur ces deux affaires, Monk fait la connaissance de deux personnes qui prendront une grande importance dans la suite de ses aventures : Lady Callandra Daviot et Hester Latterly, deux femmes aux caractères bien trempés, peu soucieuses des convenances, et d'une franchise déroutante. La forte personnalité de Miss Latterly ne manquera d'ailleurs pas de hérisser Monk, dans les débuts de leurs relations. Mais leur collaboration dans l'affaire criminelle qui occupe Monk leur permettra d'établir les prémisses d'une amitié particulière.
Peu à peu, des bribes de souvenirs reviennent à la mémoire de Monk; ce qui lui permet d'avancer quelque peu dans son enquête, jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il y est peut-être étroitement mêlé... La recherche de la vérité prend alors un tour angoissant...
Comme je l'ai expliqué dans un autre article consacré à cette romancière, le thème de l'amnésie a été inspiré à Anne Perry par son expérience personnelle. Elle a elle-même perdu la mémoire suite à des événements dramatiques. Dans les années cinquante, alors qu'elle était adolescente, elle et sa meilleure amie avaient assassiné la mère de celle-ci, et avaient passé plusieurs années en prison. Ce fait divers, qui avait défrayé la chronique à l'époque, a fait l'objet en 1996 d'un très beau film, intitulé "Créatures célestes". Suite à cela, la curiosité du public aidant, la romancière, qui avait tout oublié de son passé criminel, y a été confrontée à nouveau et à décidé d'y faire face. Ce difficile travail de mémoire peut expliquer le caractère abrupt, ombrageux de William Monk. Cette série de polars victoriens, qui se déroule dans les années 1860, au moment de la guerre de Crimée, est beaucoup plus sombre que la série "Thomas et Charlotte Pitt", datée quant à elle des années 1880, et que la romancière a commencé plus tôt.
Autres avis : Lilly, Frisette