Magazine Cinéma
On se sent un peu bête, avant Là-haut, quand il faut mettre ses "lunettes 3D". Et ça ne s'arrange pas, quelques minutes après, quand on fait la rencontre de cet autre binoclard, un enfant émerveillé, au cinéma lui aussi. "L'aventure, c'est extra!" - comme dit, pouce en l'air, l'aventurier moustachu et photogénique, celui qui fait rêver notre gamin à lunettes.
Là-haut c'est assez extra aussi. Tout d'abord par cette complicité qui d'emblée s'installe entre cet ex-enfant et nous même. On le voit tenir avec lui ses souvenirs, comme le garçon qu'il fut tenait avec lui son ballon de baudruche gonflé à l'hélium. L'enfance aux couleurs de l'utopie. Non pas ce laps de temps passé et irrémédiablement perdu, mais un lieu que l'on garde par-devers soi. Un endroit que notre héros, petit vieux, s'attellera à retrouver, avec son boyscout de camarade, pour mieux grandir, pour mieux transmettre. Il faut dire que c'est quelque chose, là où nous emmène l'explosion des couleurs, la même qui envoie au ciel la maison du vieil homme. On y trouve bien des choses, dans ces mystérieuses chutes d'Amérique du Sud: de Doug, chien parlant gentil mais collant, jusqu'à ses compères, chiens parlants, aussi, mais très méchants, en passant par un oiseau exotique, mi-autruche mi-pélican, blagueur et amateur de chocolat (c'est ce qu'on appelle un oiseau rare.)
En somme, dans le cinéma d'animation, Là-haut est un peu l'inverse de Shrek. Pas simplement parce que c'est "la tête dans les nuages" versus "les pieds dans la boue". Aussi parce que c'est la fragilité du comique enfantin contre le second degré, contre la dérision, contre le rire adulte. Et l'on se dit que ça ne s'était pas vu depuis belle lurette, depuis un certain âge d'or, un studio de cinéma accompagnant ses avancées technologiques d'une esthétique et d'un esprit bien déterminés. C'est toute la force de Pixar, et des auteurs du film, Pete Docter et Bob Peterson, que de croire dans cette magie des choses, dans cette aventure aérienne qui n'est pas éthérée.