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Carnets de marche. 1

Par Angèle Paoli


1.

     Cinq ans bientôt. Et c’est déjà la fin. Un étau de douleur la tenaille. L’étreint. Elle s’accroche à ses pentes, elle s'accroche à ses cimes ― qui ne lui sont rien. Elle a pensé ― à tort ― qu'elle la bercerait du chant de ses rivages. Un chant qu'elle rejette avec mépris. Rejeté au mépris de la douleur qu’elle lui inflige. Dès lors, la quitter sans bruit. Sans fureur. S’éloigner doucement de celle qui fut, au long de ces années, amie et confidente. Aimée. Tendresse et ruptures. Ne plus penser à elle. Ne plus l’attendre. Ne plus attendre d’écho à sa voix. Ni à son silence.

     Tu comprends maintenant. Cette rencontre de jadis fut une erreur, une voie empruntée pour te détourner de l’autre. L'autre à qui tu as infligé des souffrances pareilles à celles qu'aujourd'hui tu endures. Panser les cicatrices. Recoudre les blessures qui s’ouvrent. Qui suintent de l’écorchement vif où tu les tiens. Construire déconstruire reconstruire. Ne plus rien espérer derrière les silences. Ni parole ni sens. Faire fi de ce qui a jalonné de vie ta propre vie. Fleurs séchées entre les pages. Photos blêmies abandonnées au fil des jours. Coquillages et cailloux. À jamais perdus dans l’oubli. L'oubli qui prend forme dans la douleur. Il n’est plus temps. Il faut chercher ailleurs cette voix qui s’absente. Qui t’abandonne au deuil. Pauvre Ariane laissée sur les seuils de ta rive. Rivée à ton désespoir.

Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli


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