On est ici dans un ouvrage très détaillé de ce qu'est la musique de l'orient et du Moyen-Orient, notamment celle de l'Iran. Pour ceux qui veulent tout savoir sur ce domaine, vos voeux seront exhaussés.
En dehors des détails très techniques concernant les intervalles, les ornementations, les rythmes, les notions de tradition, de la légitimité de celle-ci et de ses limites, Jean During aborde ce qui pour moi était essentiel dans ma recherche : Ce qui se passe dans la transmission de maître à élève, ce qui se passe quand les musiciens entrent dans leur hâle (état), ce qui se passe au niveau des auditeurs.
On se rend compte alors de toute la complexité de cette musique hors du temps.
Extraits :
"Ce n'est pas ton regard à toi qui guérit, tu es seulement un instrument. Ce n'est pas toi qui agis, on t'a mis un ney dans les mains et on t'a dit : "voilà les notes", mais d'où est-ce que la musique te vient à l'esprit ? De toi-même ? Si tu crois cela, tant pis pour toi. Non ça vient d'en haut. Il y a des révélations ( vahi), tout comme pour Moïse, Mohammad, 'Ali. Notre musique va de la poitrine au ciel."
"La pratique musicale se définit comme un pouvoir, une théurgie, une magie."
"Le musicien détient le pouvoir potentiel considérable par lequel il agit sur les passions et les émotions, mais aussi sur les forces supranaturelles."
"La connaissance authentique est "expérientiale" en ce sens que, au contraire de la connaissance "objective" ou de la réflexion "spéculative", elle unifie le sujet et l'objet, et cela d'une manière telle que le sujet s'en trouve transformé. C'est pourquoi les maîtres persans disent parfois : "Ce n'est pas l'homme qui fait la musique, c'est la musique qui fait l'homme."
Nathalie Château-Artaud