
D'ailleurs la Djinn n'est-elle pas « celle qui fait revivre les légendes » ?
Entre les affrontements de jadis, où les blancs sont venus se mêler d'histoires qui les dépassent, tentant vainement et dans le sang de faire entendre leur raison, voilà que la Djinn s'est aventurée dans un domaine où nul homme, blanc, noir n'a mis le pied. Alors Kim, en quête de la perle noire, qu'elle trouvera au détour d'un marché. Après tout les vieux rêves « ne se cachent pas. Ils attendent qu'on les mérite ».
Langoureuse, alanguie même, ce dernier volume du cycle africain, toujours entre rêve et réalité clôt superbement cette traversée en compagnie de Kim. Le rythme sait alterner les tensions et se suspendre doucement, pour nous faire profiter d'une excellente narration. En se laisse emporter par la magie, les contes et les envoutements comme un enfant écoute les aventures racontées par le marionnettiste.
Il suffit encore une fois de se laisser couler dans le dessin si atypique de Miralles pour profiter de l'enchantement, tandis que les yeux aveugles de Kim s'ouvrent vers une autre réalité. Petit regret, ça manque un peu de cet onirisme rencontré par le passé, où les mondes du rêves rejoignent le passé et se mêlent au présent. Ici, les luttes politiques prennent le pas, que ce soit celles de jadis, ou celles d'aujourd'hui.
Nul n'a prétendu que les hommes devenaient plus intelligents au fil des décennies. Définitivement une dessinatrice essentielle, Miralles sublime le voyage, que Dufaux a écrit dans les brumes. Pardon pour le lyrisme... Un peu de poésie...
Djinn, 9. Le roi gorille, publié chez Dargaud, par Dufaux et Miralles, pour 11,50 €.