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Le serpent aux mille coupures de DOA

Par Sylvie

POLICIER
Le serpent aux mille coupures
Editions Gallimard, Série Noire,2009
DOA est l'une des étoiles montantes (et confirmées) de la Série Noire avec Caryl Ferey. Avec Citoyens clandestins, il a obtenu le Grand Prix de Littérature Policière en 2007.
Alors que son précédent opus de 700 pages nous plongeait dans le monde de l'espionnage et des réseaux islamistes, DOA signe ici un court récit de 200 pages, mené tambour battant, à l'écriture très épurée.
Il n'y a qu'à lire la quatrième de couverture pour découvrir l'éclectisme du récit : un cépage AOC, la cocaïne et la mondialisation...Dans on blog, DOA affirme qu'il collecte des coupures de presse pour en faire des scénarios : un cocktail de faits divers et ça détonne...
Au menu, un village du Tarn et Garonne, un couple mixte qui subit le racisme des vieux paysans du coin, un motard fugitif, des trafiquants de cocaïne colombiens et napolitains, un tueur sanguinaire utilisant des "techniques" chinoises ancestrales, et des gendarmes et des flics qui n'y comprennent pas grand-chose...
Tout ce petit monde va se rencontrer grâce au pur hasard ; la mondialisation gouverne le monde, les trafiquants ouvrent de nouveaux marchés en Europe donc...tous ces mafieux peuvent bien se rencontrer par hasard dans un petit village à côté de Moissac.
Ce soir là, un vieux paysan du coin tient à faire la peau à Omar Petit, un paysan sénégalais qu'on accuse d'avoir volé les terres des autochtones. Mais en s'approchant de la ferme, il assiste à un scène très glauque : un motard tue par légitime défense les trois occupants d'une voiture immatriculée espagnole. A partir de là tout s'enchaîne : le motard se réfugie chez Omar Petit, les associés des hispaniques cherchent à lui régler son compte et le vieux paysan se barricade chez lui...
Si le début est un peu lent (on a du mal à croire à ce "croisement" entre communauté rurale et trafiquants colombiens), il faut reconnaître que l'intrigue est très bien ficelée ; même si le roman est court, DOA prend le temps de créer de beaux personnages ; la palme revient sans aucun doute au motard (on ne saura pas son nom, ni ce qu'il fait, ni d'où il vient). Le face à face final est d'une rare intensité.
L'écriture, efficace, nerveuse va à l'essentiel ; l'auteur privilégie l'action, donc peu de place au récit d'atmosphère et aux descriptions. Le scénario habile fait se court-circuiter globalisation et rejet de l'étranger, deux caractéristiques du monde contemporain. On n'est pas loin du style de Manchette : économie des moyens, dire toute la noirceur du monde avec peu d'artifices ; l'auteur évite tout moralisme ; le sang gicle chez tout le monde, le dénouement ne peut être que très noir.
Mais ne révélons pas la petite surprise de la fin et surtout la signification du titre énigmatique. Personnellement, c'est la première fois que j'ai été autant happée par un personnage (le motard, tueur à gages selon toute logique) qui reste une énigme tout au long du roman. ou comment se souvenir de l'insaisissable...Une belle apologie de la solitude et de la clandestinité.


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