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Anthologie Poésies du cri 3, Yves Bonnefoy

Par Florence Trocmé

La Terre

Je crie, Regarde,
La lumière
Vivait là, près de nous ! Ici, sa provision
D’eau, encore transfigurée. Ici le bois
Dans la remise. Ici, les quelques fruits
À sécher dans les vibrations du ciel de l’aube.

Rien n’a changé,
Ce sont les mêmes lieux et les mêmes choses,
Presque les mêmes mots,
Mais, vois, en toi, en moi
L’indivis, l’invisible se rassemblent.

Et elle ! n’est-ce pas
Elle qui sourit là (« Moi la lumière,
Oui, je consens ») dans la certitude du seuil,
Penchée, guidant les pas
D’on dirait un soleil enfant sur une eau obscure.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Je crie, Regarde,
L’amandier
Se couvre brusquement de milliers de fleurs.
Ici
Le noueux, l’à jamais terrestre, le déchiré
Entre au port. Moi la nuit
Je consens. Moi l’amandier
J’entre paré dans la chambre nuptiale.

Yves Bonnefoy, Poèmes, regroupant Du mouvement et de l’immobilité de Douve, Hier régnant désert, Pierre écrite et Dans le leurre du seuil, Poésie/Gallimard, 1982, pp.283-284 (premièrement publié dans Dans le leurre du seuil, Mercure de France, 1975)

L’Anthologie poésies du cri est une proposition d’Alain Marc

Lire la présentation de l’anthologie.

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