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Fando Et Lis

Publié le 07 août 2009 par Olivier Walmacq

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Genre : inclassable, Drame

Année : 1968

Durée : 100min

L'histoire : Deux amoureux, Fando et Lis, errent dans un monde dévasté, à la recherche de la cité mythique de Tar, une ville merveilleuse où tout serait possible. Lis, paralysée des jambes, est traînée dans un chariot par Fando. En chemin, ils ne rencontreront que folie, corruption, désolation…

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La critique de ClashDoherty :

Premier film long-métrage d’Alejandro Jodorowsky, adaptation d’une pièce de théâtre culte de Fernando Arrabal (un ami et collègue de Jodorowsky, co-fondateur, avec lui, du théâtre Panique), Fando Et Lis fit scandale lors de sa sortie.
Projeté au Festival du film d’Acapulco (Mexique – le film est mexicain, tourné au Mexique, en espagnol), il scandalisera tout le monde, et Jodorowsky sera même menacé de mort et quasiment lynché à la sortie de la projection (il devra s’allonger à l’arrière de la voiture pour éviter les coups et pierres).

Tourné en noir & blanc, avec des acteurs amateurs (Sergio Kleiner, Diana Mariscal), le film est onirique, surréaliste, totalement dans le style des films de Luis Bunuel. Mais il y à autre chose qui fait de Fando Et Lis un film atypique, et qui explique parfaitement son scandale : le film est non truqué.
Jodorowsky a réalisé un film hardcore, dans lequel les tortures et coups infligés aux acteurs sont authentiques, non truqués. Le sang que l’on voit (en quantité faible, mais tout de même) est réel.

Ainsi, quand Fando se fait taper, caillasser et fouetter, c’est pour de vrai. Quand Lis se fait traîner par les bras à même le sol, sur un terrain rocailleux, le sang et les écorchures que l’on voit sur ses pieds nus sont réels. Et, surtout, la scène où deux hommes totalement timbrés font faire une prise de sang à Lis, avant de boire le sang récupéré dans un verre, ça aussi, c’est authentique. On imagine donc sans aucun mal le scandale du film.

Fando Et Lis sera quasiment perdu pendant de longues années. En fait, Jodorowsky possédait les bandes, mais ne le ressortira pas en salles.
Il faudra attendre la sortie, en 2007, du coffret DVD L’Univers D’Alejandro Jodorowsky, pour que ce film, conjointement à El Topo et à La Montagne Sacrée, soit enfin visible.
Et si le film n’est pas aussi grandiose que les deux films que je viens de citer, s’il n’est pas aussi grandiose que Santa Sangre, il faut quand même avouer que Fando Et Lis est un film remarquable, onirique, surréaliste, un peu malsain et morbide, et aussi intensément poétique. Un film hardcore, en effet, mais rarement un film aura été aussi intense et sincère que celui-là.

Note :18/20
La critique de Eelsoliver:

Premier film d'Alejandro Jodorowsky et déjà un film remarquable, voilà comment résumer Fando et Lis qui possède déjà toutes les qualités d'un film culte et essentiel.
En effet, dès ce premier long-métrage, le réalisateur nous fait partager son univers, sorte de fourre-tout à la fois poétique, surréaliste, cruel et animal.

Une fois encore, mieux vaut être préparé à affronter un tel film. C'est plutôt difficile d'accès surtout qu'on sent le film réalisé avec peu de moyens, se déroulant presque uniquement dans un décor naturel et par ailleurs austère. A la base, l'histoire est assez basique.
En effet, deux amoureux, Fando et Lis, ont un rêve: quitter leur terre hostile pour accéder à une ville merveilleuse où tout est possible, Tar.

Mais leur parcours est semé d'embûches et sera marqué par des rencontres avec des êtres étranges et barbares. Chaque nouvelle rencontre se fera dans la douleur, la peine et la souffrance.
Ainsi, Fando et Lis connaîtront les pires humiliations, qu'elles soient morales, physiques ou psychologiques. Leur route devient alors un véritable chemin de croix surtout que Fando est obligé de porter sa bien-aimée paralysée des deux jambes.

A travers ce chemin qui a presque une dimension Christique, Alejandro Jodorowsky aborde plusieurs thèmes: la cruauté humaine, l'abandon et le pardon.
Ce film fait également penser à Candide de Voltaire. La recherche désespérée d'une Terre Promise renvoie forcément à l'Eldorado. Mais Tar n'existe pas.
Ou tout du moins, cela restera un rêve ou une utopie pour Fando et Lis. Un film lyrique, limite barbare par moments, à la limite du fétichisme. Mais une oeuvre grandiose mais vraiment (encore une fois) difficile d'accès.

Note: 17/20


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