Magazine Cinéma

Les cinéphiles accepteront-ils de se laisser arnaquer? Pas sûr…

Publié le 10 août 2009 par Boustoune

Sur le papier, Une arnaque presque parfaite était plutôt attrayant, avec son casting de premier plan (Rachel Weisz, Adrian Brody, Mark Ruffalo) et son intrigue manipulatrice, propice à de nombreux rebondissements, où deux frangins, escrocs élevant l’arnaque au rang des beaux-arts, se lancent dans un ultime coup ciblant une riche héritière un peu fantasque ; l’originalité étant de faire croire à leur proie que c’est elle qui est en train de mener à bien une arnaque…
Une arnaque presque parfaite - 5  Une arnaque presque parfaite - 2     
A l’écran, force est de reconnaître que c’est nettement moins abouti. Ambitieux, le cinéaste Rian Johnson se joue des codes du « film d’arnaqueurs » en mélangeant les genres, passant allégrement de la comédie burlesque un brin parodique au mélodrame romanesque. Il s’amuse aussi à décrire une galerie de personnages particulièrement loufoques et à les faire évoluer dans un univers à la temporalité brouillée et au charme fantasmagorique. Ce qui donne une œuvre au ton très singulier, quelque part entre Bon baisers de Bruges et les réalisations de Wes Anderson.
Les personnages de ces différents films partagent d’ailleurs les mêmes questionnements existentiels quant à leur avenir et à leur place dans la société. Le véritable enjeu d’Une arnaque presque parfaite, c’est la volonté d’émancipation de Bloom, le plus jeune des deux escrocs. Lassé de n’être qu’un pion dans les plans élaborés par son frère, de ne jouer que des personnages dans des mises en scènes soigneusement rôdées, il a envie d’être enfin lui-même et de vivre sa vie loin des arnaques et de l’emprise affective que son aîné exerce sur lui. Un élément scénaristique de choix destiné à apporter une autre dimension au scénario.
Une arnaque presque parfaite - 4  Une arnaque presque parfaite - 3
Cela aurait pu fonctionner, mais, à force de vouloir cultiver à tout prix l’art du contrepied et du second degré, le réalisateur de Brick finit par perdre en route les spectateurs. Le charme initial de l’œuvre disparaît peu à peu et nous laisse tenter de comprendre les tenants et les aboutissants d’une intrigue inutilement tarabiscotée, dont l’intérêt se délite au fil des minutes, jusqu’à la résolution finale, assez décevante.
Bref, on s’ennuie ferme, d’autant que le film est un peu trop bavard et souffre de sérieuses baisses de rythme. On a la désagréable impression que le cinéaste n’a pas trop su comment boucler son histoire et, par défaut, a choisi des voies narratives plutôt absconses.
Heureusement, la mise en scène se révèle souvent assez inventive et les acteurs assurent le métier avec conviction. Adrian Brody n’a pas besoin de forcer son talent pour rendre la tristesse de son personnage, pauvre type lassé de ne jamais pouvoir être lui-même. Mark Ruffalo apporte ce qu’il faut de charisme à l’aîné des deux escrocs, individu brillant mais obsédé par ses projets manipulateurs. Enfin, Rachel Weisz campe une héroïne attachante, avec un abattage que n’auraient pas renié Katherine Hepburn et autres grandes actrices de comédie de l’âge d’or hollywoodien. Elle parvient à apporter épisodiquement la touche de fantaisie qui fait défaut au film.
Une arnaque presque parfaite - 6  Une arnaque presque parfaite - 7
Une arnaque presque parfaite (quel titre français idiot !...) ne manque ni d’ambitions, ni de qualités artistiques, mais est plombé par un scénario tellement tordu qu’il en devient grotesque. Rian Johnson aurait du s’inspirer du principe énoncé par ses personnages « Une arnaque réussie, c’est une arnaque où chacun obtient ce qu’il attendait ». Là, les spectateurs espéraient un bon film, jubilatoire et manipulateur à souhait. Certains se laisseront peut-être séduire par cette ambiance décalée et assez originale, mais il est à craindre que la majorité ne sorte frustrée de la projection… Dommage…
Note : ÉtoileÉtoile
Une arnaque presque parfaite

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Boustoune 2984 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines