Récemment, une personne proche de la rédaction revenue d'un séjour outre-Manche nous a fait part de sa consternation : « Ça tourne à l'obsession en France : voilà deux semaines que je suis partie, et en Angleterre, on est loin d'en faire autant dans la presse. » C'est probablement que Luc Chatel s'attelle à la tâche avec ardeur.
Le ministre, qui se veut « prêt pour la rentrée », a en effet, dès hier donné le ton : s'il faut fermer des écoles, on le fera. On on laissera les enfants devant la télévision avec des programmes éducatifs conçus par le CNED. Il précisait même qu'aucun seuil n'avait encore été déterminé pour la fermeture d'un établissement, chose que Le Figaro aujourd'hui approfondit.
En effet, selon nos confrères, le comité interministériel de crise, s'il a assuré que la rentrée se déroulerait dans les temps, a fait valoir qu'à partir de trois cas recensés, dans une classe, une école, mais surtout durant une même semaine, suffiraient à faire boucler l'établissement. Une mesure nécessaire pour « réduire efficacement le pic », précise la circulaire.
En somme, on plie boutique en attendant que ça passe. Selon nos informations, il suffirait pourtant de vacciner 30 % de la population pour endiguer une pandémie, mais nul ne sait aujourd'hui pourquoi le ministère se refuse à se lancer dans une telle opération. Il faut, comme on nous le précisera, « être dans le secret des dieux ».
Chez Libération, deux médecins spécialistes de cette grippe, Alain Fisch et Jean-François Delfraissy, hésitent entre deux sons de cloche. Pour le premier, maîtriser la propagation est essentiel : « La fermeture des écoles n'est pas à mettre au conditionnel, elle est inéluctable. Si le ministre Luc Chatel comprend bien la situation, il faudra fermer bien plus que les écoles », estime le premier.
Pour l'autre, il faut avant tout ne pas céder à la panique. « D'un point de vue médical, je répète qu'à l'heure actuelle le virus n'est pas grave, il n'y pas de raison qu'il mute et devienne dangereux. L'épidémie de grippe A ne sera sans doute, cet hiver, qu'un problème quantitatif, du moins je l'espère. »
Cependant, pour l'un comme pour l'autre, la chose est à prendre au sérieux.