Magazine Culture

In-ter-mi-nable !

Publié le 29 mai 2009 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre
17243.JPG

Présenté au TNB il y a quelques semaines, la troupe de "La Dame De Chez Maxim" (Feydeau) mise en scène par Jean-François Sivadier, pose ses valises à l'Odéon jusqu'à la fin du mois de juin.

Critiques enthousiastes, presse unanime, c'est avec une joie non dissimulée que je m'apprêtais hier soir à passer une soirée délicieuse en compagnie de l'un des auteurs les plus drôles du début du 20ème siècle.

Raté !

Commençons par l'essentiel, selon moi, pour un vaudeville : le rythme.

Celui-ci doit être endiablé pour que la mécanique Feydeau fonctionne parfaitement. Il est ici cassé par une mise en scène trop posée, trop lente et réfléchie. Sivadier a décidé de prendre un corail alors que c'est bel et bien un TGV qu'il fallait emprunter. Tous les professeurs de théâtre (et pas uniquement ceux qui enseignent au conservatoire, jouent à la Comédie Française et ont plus de 80 ans) vous diront que Feydeau se joue à 200 à l'heure,avec 40 de fièvre, ou ne se joue pas, et surtout (surtout !) qu'il n'y a pas de place ni de temps pour la réflexion.

Après une exposition un peu lente (c'est souvent le cas chez l'auteur, on ne pourra l'imputer totalement au metteur en scène) durant laquelle la mécanique se met en place, on assiste (est-ce possible ?!!) à un ralentissement de la machine au deuxième acte alors qu'elle est sensée s'emballer et nous embarquer dans la folie des situations et des personnages. Cela s'englue et se dilue tant et si bien qu'on en arrive, exténué, à ne même plus écouter le troisième acte qui arrive (enfin!) au bout de 2H20mn. Signalons au passage que le spectacle dure 3h10 et qu'il pourrait facilement faire une bonne demie heure de moins si toute la distribution s'était mis une pile.

La distribution, justement.

Celle-ci est emmenée assez efficacement et talentueusement par Nicolas Bouchaud (Petypon) dans l'excès et à la limite du cartoon. Le problème, car là aussi il y en a un, vient du fait qu'il est le seul dans ce registre. Le reste des comédiens se positionnant davantage dans la sobriété et un certain réalisme. Si personne n'est franchement mauvais, à l'exception de Stephen Butel, Mongicourt, qui joue-parle-marche-bouge-respire faux du début à la fin, les personnages sont trop sages , pas assez déssinés et manquent cruellement d'un grain de folie. Nora Krief, de son côté, donne à voir une Môme Crevette standard et ne fait pas d'étincelle.

J'ajouterais que je trouve regrettable le racolage consistant à intégrer dans le spectacle des chansons issues du répertoire des variétés contemporaines. D'"Etienne Etienne" en passant par "Les Nuits D'Une Demoiselle" de Colette Renard, entendue mainte fois. Pas très intéressant ni très utile. Feydeau n'a pas besoin de ça pour faire rire. Et si on ne lui fait pas confiance, on peut monter autre chose.

Esthétiquement enfin.

Rien d'autre que le mot "laid" ne me vient à l'esprit.

S'il est évident que l'on a soupé des reconstitutions ultra-réalistes des salons bourgeois fin 19ème et autres intérieurs de cocottes, il devient de plus en plus pénible de subir de façon quasi systématique, dans le théâtre subventionné, des scénographies où l'empilage d'objets hétéroclites alliés à des échafaudages ou à des restes de vide-greniers font office de décor. Sans oublier un éclairage qui ferait passer celui de ma cave pour Versailles tant on ne voit rien... Car vous l'apprendrez, le plein feu, messieurs dames, c'est vulgaire !

Ici donc, tout y est. Plateau nu (permettant au passage une accoustique déplorable obligeant les comédiens à beugler. Nadia Vonderheyden, Madame Petypon, n'a déjà presque plus de voix et ne tiendra pas jusqu'à fin juin) "agrémenté" de plaques de contreplaqué brut (ou peintes à la queue de vache...) suspendues à des cordages, montant et descendant des cintres, servant de portes (beaucoup plus compliquées à ouvrir et fermer que des vraies mais tellement moins plouc !), des néons de supermarché pour donner bonne mine et un petit tas de meubles dans un coin...

J'oubliais une toile de parachute, très utile pour réaliser une alcôve ou une salle de réception.

J'aimerais qu'on me fasse parvenir la note d'intention du scénographe...


Alors on me dit : "Le public marche!"

Je répondrai qu'il ne court pas... Qu'il est poli et qu'il salue l'efficacité de l'auteur. Car il n'est pas non plus d'un enthousiasme débordant, loin de là. Feydeau déclenche habituellement bien plus de rires.

Bref, non.

Sans moi.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Fousdetheatre.com 3248 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte