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La liane du désir, Chitra Banerjee Divakaruni

Publié le 15 août 2009 par Antigone

lianedud_sir"Le jour où Sudha descendit d'avion pour se jeter dans les bras d'Anju, laissant derrière elle, en Inde, les décombres de son mariage, leur vie à toutes deux fut à jamais changée. Et pas seulement la leur. Celle de Sunil aussi. Et celle de la petite Dayita. Comme des ondes sonores invisibles, les changements se propagèrent de proche en proche, pour finir par atteindre l'Inde et Ashok, qui sur son balcon attendait que le vent tourne. Et par bousculer les mères, dans leurs appartement aux murs rectilignes, bouleversant l'équilibre de la maison-née, ce qui eut pour résultat la fermentation exagérée des pickles de mangue et la production par le goyavier du jardin de fruits roses d'une grosseur inhabituelle. Les changements se multiplièrent à la façon de lianes dans les contes de fées, leurs vrilles rampant jusqu'à des personnes dont Sudha et Anju ne connaissaient même pas le nom.
Ces changements étaient-ils bons ou mauvais ?"

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La Liane du désir est un deuxième tome, le premier tome, Ma soeur, mon amour (lu il y a quelques temps déjà, me voici en rattrapage de PAL !), avait déjà été un coup de coeur pour moi, c'est également le cas pour le second. Je craignais que cette suite ne me déçoive, comme c'est souvent le cas pour les suites...mais non, pas du tout, ce second opus, bien que différent du premier, est de grande qualité.
Je n'ai eu aucun mal à me souvenir des personnages (l'auteure nous réserve quelques résumés des épisodes précédents bien utiles) et j'ai aimé les retrouver. Anju mariée à Sunil, "installée en Amérique", enceinte, invite Sudha, sa soeur, à venir la rejoindre, après son divorce et la naissance de sa fille Dayita. Mais, car il y a un "mais" Anju perd son enfant et c'est compter sans le désir que Sunil ressent depuis toujours pour Sudha et qu'il lui a avoué en Inde, avant son départ.
Chitra Banerjee Divakaruni nous conte par le biais de ce ménage à trois forcément explosif, les limites du "rêve américain", les fêlures de l'exil, mais également les pièges du sentiment amoureux ou du désir. Comme souvent dans ses écrits, est mise en avant l'idée que, solitaire, la femme indienne peut enfin puiser en elle la force et la lucidité nécessaire à la poursuite de son bonheur, un bonheur qui ne passe pas forcément par l'amour ou le mariage mais dont la culture originelle n'est pas exclue.
Les diverses focalisations du récit apportent à cet écrit une force particulière qui m'a beaucoup touchée. Les émotions sont traduites de manière très fine. Vraiment, un très beau moment de lecture, et une sacrée leçon d'écriture, que je vous recommande.

"La femme au sol ouvre les bras à celle qui était dans le ciel. Voilà ce que nous faisons du chagrin. Les morts sont des goutelettes d'eau de mer et de cendre, qui voyagent dans l'air. Montent-elles ? Tombent-elles ? Regardez, il n'y a pas de différence. La courbe de la terre ressemble à un sourire."

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  Note de lecture : 5/5

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