Magazine Cinéma

En cloque (mode d'emploi)

Par Rob Gordon

cloque (mode d'emploi)En France, on a Patrick Braoudé ; aux States, ils ont Judd Apatow et toute sa bande. Non pas qu'il soit correct de dénigrer l'auteur du sympathique Neuf mois, mais force est de constater que nos voisins les ricains ont quand même beaucoup plus de style quand il s'agit d'humour. Flanqué d'une bande de bras cassés volontaires, Apatow décrit ce qui se produit quand un jeune branleur s'installe avec la fille qu'il a engrossée un soir de beuverie. Dans la directe continuité de 40 ans, toujours puceau, il livre une chronique sentimentale (et sentimentaliste), plus tendre que féroce, sur le brutal éveil à la maturité d'un éternel ado. Épousant également le point de vue de la jeune femme enceinte (Katherine Heigl, la Izzie de Grey's anatomy, jolie et douée), il évite à son film de tomber dans la misogynie la plus totale, décrivant les hommes comme ce qu'ils sont (des porcs avec un petit bout de cervelle, mais un coeur gros comme ça sous leur enveloppe corporelle malpropre et rustaude) et les femmes idem (des harpies geignardes avec tellement d'amour à donner et à recevoir). C'est tellement bien comme ça.


Mais En cloque est avant tout une comédie, et une qui fait marrer, en plus. Même s'il lui manque probablement ici un acteur de la trempe de Steve Carell, Apatow compense avec une ribambelle de seconds couteaux tous plus sympas les uns que les autres. En tête, Seth Rogen, charmant nounours, et Paul Rudd, le beau mec le plus drôle qu'on ait vu depuis longtemps. Même si certaines scènes sont copieusement ratées (une virée sinistre au Cirque du Soleil), même si les running gags ne fonctionnent pas trs bien (l'idée pourtant épatante du pari avec le barbu), le drôlerie d'En cloque reste intacte. Parce qu'Apatow a le sens des répliques foireuses, marmonnées du coin des lèvres pendant qu'un autre personnage est déjà en train de parler. Parce qu'il sait s'entourer. Et parce qu'il filme bien. Si si : le bougre possède un vrai sens du rythme, et dynamise tellement bien ses scènes qu'elles finissent par ressembler à la vraie vie. En plus drôle. Mais en aussi pathétique. Et s'il en fait un tout petit peu trop dans la guimauve, En cloque constitue deux heures de plaisir brut, une comédie à aller voir avec l'être aimé (ou avec un coup d'un soir), histoire de rire ensemble mais pas des mêmes choses.
7/10


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Rob Gordon 109 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte