Genre : Film initiatique, inclassable
Année : 1973
Durée : 110min
L'histoire : Après plusieurs pérégrinations dans une ville de débauche totale, un mendiant rencontre, dans une immense tour, un Alchimiste. Cet Alchimiste, après lui avoir enseigné son Art, lui fait rencontrer sept personnes, des industriels et politiciens représentant chacun une planète du système solaire. Ensemble, ces neuf personnes vont partir à la conquête de la montagne sacrée située sur l'île du Lotus, afin d'y déloger les neuf Immortels qui vivent à son sommet. Afin de devenir immortels et puissants, à leur place...
La critique de ClashDoherty :
Rarement un film aura été aussi beau et puissant que ce film réalisé par Alejandro Jodorowsky en 1973. Longtemps considéré comme perdu (à cause de brouilles entre Jodorowsky et son producteur, Allen Klein, qui s'emparera des bandes et dira les avoir détruites), La Montagne Sacrée a été, depuis, totalement restauré (Klein et Jodorowsky s'étant réconciliés), et visible par tous grâce à cette merveilleuse invention qu'est le DVD.
Précisons qu'à l'époque, John Lennon et Yoko Ono aidèrent à la production de ce film (et que Allen Klein produisit les Beatles durant la période 1969-1970).
Raconter le film est difficile, et en parler vraiment, encore plus. Je ne ferai pas de révélations sur la fin du film ici, ça gâcherait tout.
Cet article est spécialement conçu pour que ceux et celles qui n'ont toujours pas vu ce film puissent avoir envie (enfin, je l'espère de tout mon coeur) de le voir. Pour être clair et un peu grossier, c'est un film qui vous pète à la gueule, en particulier la première vision.
A la fois drôle et violent, souvent subversif et extrême, La Montagne Sacrée est, surtout, initiatique. Visuellement splendide, scénaristiquement imparable, et regorgeant de symboles divers. Aucune religion n'est épargnée, rien que le look du mendiant fait penser à Jésus-Christ.
Ca m'est quasiment impossible de parler de ce film tellement il compte pour moi. Je le dis sans exagération, La Montagne Sacrée est mon film préféré au monde, et, selon moi, un des 5 plus beaux films jamais réalisés. Cette coproduction chilo-mexicaine, jouée par des acteurs inconnus (et sans aucun doute débutants pour la plupart), interprétée aussi par Jodorowsky lui-même, et regorgeant de scènes choc, est vraiment magistrale !
Note : 20/20
La critique de Eelsoliver:
Quel merveilleux film que voilà! Je dois remercier Clashdoherty qui nous fait partager depuis longtemps son amour et sa passion pour cette oeuvre atypique, signée Alejandro Jodorowsky.
Une fois encore, le réalisateur est égal à lui-même: La Montagne Sacrée est vraiment une oeuvre difficile d'accès. Et je dois avouer que j'ai eu quelques difficultés à me plonger dans l'atmosphère particulièrement étrange de ce film OFNI.
En vérité, La Montagne Sacrée est surtout un voyage initiatique de 9 personnes (des hommes et des femmes) qui ont pour ambition de prendre la place de neufs immortels, réunis sur une des montagnes sacrées. Pour y parvenir, ils devront abandonner leur âme, leur Moi intérieur pour ne faire qu'un. Une fois encore, Alejandro Jodorowsky réalise un film ambitieux et complexe, rempli de symboles et de références philosophiques, religieuses et même psychanalytiques.
Il s'agit vraiment d'une oeuvre profonde et intelligente. Surtout que Jodorowsky nous offre, à travers ce film, une vision peu reluisante de notre monde.
En effet, il s'agit d'une sorte de symbolisation de notre société gouvernée par neuf personnes représentant les diverses planètes de notre système solaire.
En vérité, il s'agit d'un équilibre universel qui gouverne également notre monde.
Toutefois, la partie la plus intéressante (à mon avis) reste la vision de Jodorowsky concernant ces 9 planètes qui dirigent notre société.
Comme je le disais, chaque planète est représentée par une personne (homme ou femme) qui ont pour point commun d'être immortels.
En dehors de cela, Jodorowsky nous explique leurs rôles et leur implication dans notre société.
C'est vraiment, je trouve, la partie la plus intéressante du film. En effet, Jodorowsky brosse le portrait de personnes abjectes, sordides qui vivent dans la débauche et la luxure.
On pourrait presque y voir une critique du système capitaliste tant le portrait se veut caricatural. Toutes ces personnes immortelles, considérées comme des dieux (on trouve aussi des références aux dieux de l'Olympe), sont des dictateurs en puissance et façonnent l'individu à leur image.
Ces immortels n'hésitent donc pas à utiliser des enfants pour fabriquer des armes et à les conditionner dès le plus jeune âge pour des futures guerres déjà en prévision pour les années à venir.
De plus, Jodorowsky n'hésite pas à forcer le trait, avec un certain humour noir. En résulte une oeuvre brillante, totalement OFNI et vraiment passionnante à regarder.
Incontestablement un chef d'oeuvre.
Note: 20/20