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Revisiter les grands mythes du rock (Part 2)

Publié le 23 août 2009 par Antoine Dubuquoy

johnny 1.jpgOù l'auteur décide d'en remettre une couche sur Johnny Hallyday... Jojo, l'Idole des Jeunes depuis 50 ans, Notre Rockeur National... Un sujet facile pour journalistes en mal d'inspiration... La daube pure comme incarnation du wock'n'woll "à la française"... Un mérite, avoir commencé à temps, à la fin des années 50. Un tort, être toujours vivant... Et sombrer dans la caricature de la parodie... C'est dire... Un répertoire qui fait partie du patrimoine national, qu'on se surprend à connaître même par bribes... On se corrige. On se reprend. On n'a pas de disque de Johnny chez soi. On n'a rien dans son iPod. Faut pas déconner quand même... Johnny est un mystère... Les foules affluent à ses concerts. La poule aux oeufs d'or commence à fatiguer et va nous faire un final la Joséphine Baker, la ceinture de bananes et les plumes en moins... Au crédit du phénomène, la longévité. Au débit d'icelui, la longévité. Un bon rocker est un rocker mort. D'ailleurs, Johnny n'est pas un rocker, il est un rockeur, nuance... Répertoire oscillant entre rock'n'roll des origines chanté en français, pop, hardrock et variétoche consternante avec paroles engagées chantant l'amuuuur tuuujuuurs, les hommes fragiles abandonnés... Condamnés au fil du temps à chanter du Barbelivien, du Berger, puis de l'Obispo ou du Calogero... La Roche Tarpéienne étant toujours proche du Capitole...

Le pékin se fait tatouer le portrait de son idoooooole sur le bras, se costume comme son idoooole avec santiags de la Halle aux Chaussures et

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tshirt estampillé "Rebel" acheté sur le marché de Villefranche de Rouergue ou La Haye-Pesnel... Plus les anneaux dans les oreilles, le Kangoo façon pick-up Dodge Ram, la mob bleue revisitée Harley... Pas gentil je suis. Johnny offre un bout d'Amérique mythique. D'Amérique qui n'existe pas avec de grands espace imaginaires, des routes sans fins sur lesquelles on roule sans but... On ferme les yeux, on est au Texas... On les ouvre, on est toujours sur une départementale de la Creuse avec les nains qui braillent à l'arrière, Kevin, Brandon et Laura... Et le petit Tennessee qui est encore à l'état foetal... Pas gentil du tout je suis...

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Il convient pour que le paysage soit complet, de s'attarder sur les Johnnies (Précision grammaticale: un Johhny, des Johnnies)... Les clones du prophète qui prêchent la bonne parole dans les contrées dans lesquelles l'idole et ses semi-remorques ne peuvent se poser... La salle des fêtes d'Hudimesnil (50), le Café des Sports de Martiel (12)... Ils sont les incarnations, les fils du Père. Nés de leur imagination fertile, un jour ils ont été touchés par la Johnnytude. Tu estoye mon fils et je t'envoye convertir les infidèles et mes sainctes paroles porter! Alleluia! Le Johnny nouvellement adoubé, suite à une révélation à droite de l'entrée S du Stade de France, ou au coeur du Kop Boulogne du Parc des Princes, tombe à genoux! Oui, Johnny, my God, je serais ton étendard! Youkaïdi, le Johhny file à la Halle aux Chaussures, se taille une veste motifs peau de vache dans le tapis du salon, justement en peau de vache, et s'entraîne à brâmer queujeut'aimeuuh (un monument à coup d'amuuur et de cheval mort, allez comprendre la dimension métaphorique...). Le public se précipite... Parfois, il n'a pas été prévenu. Ca lui tombe dessus, crac. A l'occasion d'une fête votive locale. D'un bal annuel. Divine surprise! Jooooohnny hurle le deejay... Gargl, trop tard... La double peine. Il y avait déjà eu du tango et du Patrick Sébastien. Le tonnerre, les éclairs, la terre qui tremble, la voix du Grand Barbu sur son nuage là-haut qui cligne de l'oeil et vous annonce "Bien fait pour vos gueules, l'Eternel et ses Commandements ne respectez point au quotidien! Pire que le nuage de sauterelles et les autres plaies d'Egypte! Je vous colle un clône de Johnny! Et un qui s'y croit grave!" - Car God parle djeunz!

Et le Johnny s'époumone. Le futal poutre apparente en imitation lurex façon lézard -ça parait improbable, mais ça existe- le ventre rebondi

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du sybarite, la babiche, l'anneau à l'oreille, les lunettes noires Optic 2000... Le dancefloor se fige d'émoi... Le fan connaît un début d'érection -allumer le feu, c'est la promesse du Johnny- le non-fan, une fois passée la période d'esbaudissement, commence à s'agiter. C'est le post-trauma disorder chez certains (réaction-type: "tu va fermer ta gueule!"), le Syndrôme de Stockholm chez d'autres (réaction-type: "écoute, je trouve qu'il s'en sort plutôt bien pour un amateur")... Les ricaneurs font semblant d'apprécier, tentant une lecture au deuxième degré, façon mise en abyme... Mails l'ironie de leurs hurlements d'encouragement (mea culpa, mea maxima culpa, j'ai moi-même pêché!!!) n'est pas perçue par le destinataire qui se sent porté par un état de grâce absolue!!! 100% premier degré. Ca sent la récidive!!!!

Il convient donc, pour ne point être taxé de snobisme, de parisianisme, de catalyseur de la fracture sociale, de contempteur des passions populaires, de Téléramaphile, de rendre un hommage appuyé aux Johnnies. Courage, abnégation, passion. A nom du cuir, du lurex et des santiags. Allez en paix.

Disclaimer: C'est pas de la méchanceté, c'est de la pure tendresse. Les faits narrés ci-dessus sont inspirés d'événements réels.


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