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la physique des catastrophes

Par Clarinette
la physique des catastrophes Pas de doute, Marisha Pessl est cultivée, brillante, pleine d'esprit et sait écrire. On est à la fois épaté et étourdi par sa plume acérée et par ses citations d'auteurs tous plus pointus les uns que les autres. Elle donne l'impression, d'avoir, comme son héroïne, tout lu et tout vu (films, tableaux de maîtres...). Mais pourquoi tant de références littéraires ? Dans la première moitié, Bleue décrit ses pérégrinations à d'une ville à l'autre et d'une école à l'autre avec son exceptionnel papa, puis ses soirées avec sa mystérieuse professeure Hannah Schneider et ses camarades de classe plutôt antipathiques...Marisha Pessl cherche peut-être à nous taquiner et à nous fait languir avec des digressions, des citations et on frôle l'overdose...On l'évite quand même parce que c'est parfaitement bien écrit et parce que c'est drôle, car Bleue a beaucoup d'humour et un regard très juste sur les petits défauts et les failles de son entourage. .
Puis, vers le milieu de du livre, c'est-à-dire au bout d'environ 400 pages, il se passe enfin quelque chose de crucial. Les 400 et quelques pages qui restent sont consacrées à l'enquête menée par la jeune fille très futée sur sa prof qu'elle a retrouvée pendue à un arbre. Et elle va élucider le mystère, avec, pour seule aide, ses livres.
J'ai eu un peu de mal à m'attacher à ce personnage solitaire auquel rien n'échappe mais qui , au final, n'aime personne, en dehors de son père et que personne ne semble réellement aimer.
Malgré tout, je ne me suis jamais vraiment ennuyée car c'est écrit avec un brio auquel il est difficile de résister. Ce serait malhonnête de ma part de dire que j'ai détesté ce livre. Je l'ai trouvé un brin agaçant mais -je dois l'avouer- j'ai eu plaisir à le lire.

extrait : "Quittant des yeux le chihuahua marron et noir venu renifler mes chaussures, je les découvris. Tout comme Jade qui, affalée sur un canapé en chocolat à moitié fondu, avait allumé une cigarette (et me dévsageait comme si c'était une fléchette), ils me dévisageaient avec des yeux si fixes, des corps si raides, qu'ils auraient pu composer la série de tableaux que papa et moi avions admirée à la galerie des maîtres du dix-neuvième siècle de Chalk House, dans la banlieue d'Atlanta. Il y avait là une fille maigre aux cheveux bruns entortillés comme une algue, qui se tenait les genoux sur le banc de piano (Portrait de paysanne pastel sur papier) ; un tout petit gars, avec des lunettes à la Benjamin Franklin, genre indien, près d'un chien galeux,Fang (Maître avec chien courant, Angleterre, huile sur toile) et un garçon, immense celui-là, bâti comme unes armoire à glace,adossé à une bibliothèque, les bras et les chevilles croisés, des cheveux noirs cassants sur le front (Le vieux moulin, artiste inconnu). Le seul que je reconnus, c'était Charles dans le fauteuil en cuir (Le joyeux berger, cadre doré). Il me fit un sourire encourageant, mais je doutais que cela signifie grand-chose ; il semblait distribuer ses sourires comme un type déguisé en poulet qui donne des bons pour un repas gratuit.
"Et si vous vous présentiez ?" proposa joyeusement Hannah."

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La physique des catastrophes, Marisha Pessl, Folio, 815p.

un article de Télérama sur Marisha Pessl

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