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Mémoire périssable

Par Thibault Malfoy

« Je ne sais pas si certains d’entre vous se souviennent de moi. Il y a quelques années, j’ai publié Le Potentiel érotique de ma femme. Ce roman non autobiographique, traduit dans de nombreuses langues, avait obtenu un réel succès. »

C’est ainsi que débute le sixième roman de David Foenkinos - Qui se souvient de David Foenkinos ?  (Gallimard) -, autofiction loufoque dans laquelle l’auteur se projette dans une quarantaine dépressive, bornée par une panne d’inspiration et une femme en partance. Ce roman, qui a failli s’appeler A la recherche de mon idée perdue, est donc une quête, celle que mène un auteur à la dérive pour retrouver l’aura du succès, symbolisée par une idée évanescente et donc oubliée, que l'auteur entreprend de retrouver pour se remettre à écrire. Le Potentiel érotique de ma femme fut ce succès passé, qui éclipsa le reste de sa bibliographie, alors que les livres suivants s’inscrivirent dans une spirale descendante, rétrogradant leur auteur de la renommée à l’indifférence générale.

Comme pour Le Potentiel érotique de ma femme, le ton est à la fois léger et grave, toujours décalé. L’autodérision et l’ironie permettent de faire l’écart entre les situations cocasses imaginées par l’auteur/narrateur et des thèmes comme la mort, la finitude du bonheur ou l’inspiration artistique en perdition.

Cependant, la légèreté de ton condamne le texte à un traitement superficiel de ces thématiques, affleurées par moment, avec délicatesse et sensibilité, certes, mais sans profondeur : la seule ambition de l'auteur est le divertissement du lecteur, ce qui est déjà louable en soi. N'allons pas juger un texte pour ce qu'il n'est pas, mais plutôt pour ce qu'il propose : un humour décalé et rafraichissant, distillant dans le texte des aphorismes discrets mais sûrs d'eux.

Par ailleurs, un motif récurrent chez Foenkinos est l'attraction féminine, cristallisée dans la sensualité d'un détail ou d'un mouvement, que l'auteur s'amuse à interpréter pour décrypter la psychologie féminine, donnant lieu à des remarques surprenantes de drôlerie. Enfin, le texte a le bon goût de tenir un rythme crescendo qui entraîne le lecteur jusqu'à l'heureux dénouement de circonstance.

Finalement, un roman effervescent qui s'apprécie pour sa légèreté et son humour, mais dont le titre résonnera peut-être pour les générations à venir sur l'air funeste de la prémonition.


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