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Inglourious Basterds de Quentin Tarantino

Par Geouf

Inglourious Basterds de Quentin Tarantino

USA, 2009
Réalisation: Quentin Tarantino
Scenario: Quentin Tarantino
Avec: Brad Pitt, Christoph Waltz, Mélanie Laurent, Diane Kruger, Eli Roth, Michael Fassbender, Daniel Brühl, Til Schweiger, Mike Myers

Résumé: Alors que la France est en pleine occupation allemande, le Lieutenant Aldo Raine (Brad Pitt) crée une unité spéciale dont l’unique but est de tuer autant de Nazis que possible. Envoyés sur le territoire français, les « Basterds » s’acquittent de leur tache avec zèle et sont craints par les Allemands. Pendant ce temps, Shosanna (Mélanie Laurent), une jeune fille juive dont les parents ont été massacrés par l’ignoble Colonel Landa (Christoph Waltz) apprend que le haut commandement nazi souhaite organiser dans son cinéma une projection de leur nouveau film de propagande, Stolz der Nation. Shosanna y voit immédiatement l’opportunité de se venger en éliminant une grande partie des dignitaires nazis…

 

Le superbe Kill Bill a définitivement marqué une étape dans la carrière de Tarantino. Ce film-somme rempli des obsessions de son auteur et en même temps accessible à tous signant en 2004 la fin d’une époque, un nouveau cycle pouvait débuter. Cycle entamé avec le bancal Boulevard de la Mort qui, s’il comportait deux hallucinantes poursuites automobile et quelques scènes jouissives, n’en était pas moins plombé par des dialogues interminables. Conséquence étonnante de cela, le portnawak Planete Terreur de Robert Rodriguez paraissait du coup beaucoup plus sympathique que le film de QT. Le cinéaste était donc attendu au tournant avec l’annonce de la réalisation d’Inglourious Basterds, projet fantasme qu’il portait en lui depuis de nombreuses années.

Inglourious Basterds de Quentin Tarantino

Divisé en cinq chapitres, le film s’attache à décrire les agissements d’une unité spéciale juive chargée de « casser du nazi » dans la France occupée. Du moins c’est ce que la bande-annonce promettait… Car au final, les Basterds du titre sont loin d’être les héros du film et font de la quasi figuration dans celui-ci. Mis à part quelques-uns d’entre eux (Aldo Raines, Donny « Bear Jew » Donowitz et Hugo Stiglitz), ils ne seront jamais vraiment présentés (les autres sont quasi-invisibles) ni utiles à l’avancée de l’histoire. Et c’est certainement là le principal défaut du film. Tarantino introduit de nombreux personnages au cours de longues scènes dialoguées sans réel lien entre elles. Prises séparément, ces scènes sont certes bien écrites et parfois jouissives (le chapitre 1 est génial) et permettent aux acteurs du film de donner la pleine mesure de leur talent, mais lorsqu’on les met bout à bout on a l’impression d’assister à une très longue introduction (3 chapitres et demi sur 5 ne sont que de la présentation des personnages et des enjeux !) pour une histoire qui n’en demandait pas tant. Bien entendu, le côté bavard a toujours été l’une des marques de fabrique de Tarantino, mais ici (comme dans Boulevard de la Mort), les dialogues n’apportent rien à l’histoire, ne font pas avancer celle-ci, ni n’aident à la compréhension des personnages (au final, on ne saura rien ce qui motive Aldo Raines par exemple). On ne s’ennuie pas forcement, grâce à quelques très bonnes scènes, mais on attend tout de même que le film se décide à raconter quelque chose.

Inglourious Basterds de Quentin Tarantino

Reste que Tarantino emballe quelques très belles scènes et propose quelques bons moments de tension, comme cette rencontre dans un bar perturbée par l’arrivée d’un officier de la Gestapo, ou encore l’impressionnante introduction du film. Tout ne fonctionne pas (la très longue scène du restaurant aurait largement mérité d’être raccourcie), mais Tarantino délivre de purs moments de comédie (l’hilarant passage dans lequel Raines et ses acolytes doivent se faire passer pour des garde du corps italiens) et réussit à maintenir un minimum l’attention du spectateur jusqu’à la fin. Les acteurs sont absolument tous brillants, délivrant des performances excellentes (avec en tête Brad Pitt et Christoph Waltz) et semblant s’amuser comme des petits fous. Le final, qui fera certainement grincer des dents les puristes, est quand à lui très réussi (on se souviendra longtemps des flammes dévorant l’écran sur lequel est projeté le visage de Mélanie Laurent), permettant à Tarantino de disserter sur le pouvoir du cinéma et de faire un pied de nez à tous les films de propagande tentant de réécrire l’histoire. Reste qu’il manque légèrement d’émotion, encore une fois la faute à des personnages moins consistants qu’à l’accoutumée et dont on se fiche un peu du sort.

Au final, s’il n’est pas un mauvais film, Inglourious Basterds est loin d’être une des meilleures œuvres de son auteur. Un long-métrage parfois jouissif, porté par une galerie d’acteurs géniaux, mais souvent frustrant tant il peine à délivrer les promesses de sa bande-annonce et à impliquer émotionnellement le spectateur…

Note : 6/10


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