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Avant de commencer la série de billets sur l'édition

Par Georgesf
Je prépare la série de billets sur le thème "Comment essayer de se faire éditer en passant par la poste". Peut-être vous sera-t-elle utile ; au pire, cela vous fera un beau sujet de conversation dans les dîners de copains.

Pour vous faire patienter, juste pour vous mettre en bouche, je cite un passage d'un roman, paru il y a un peu plus de deux ans, qui éveillera peut-être chez certains une étrange résonance : il narre les déboires d'un candidat à l'édition. A lire comme ça, il paraît un peu méchant, mais je vous rassure : c'est une histoire tout en tendresse. Elle finit d'ailleurs presque bien. Voici le passage :


                                                                              
                                                                           (................) Avant de commencer la série de billets sur l'édition
Les trois auteurs passèrent l’après-midi à échanger leurs récits de visite chez les éditeurs. Ils le
savaient, ils étaient comme des gueux, tournant en psalmodiant autour d’une citadelle aux mille portes. Parfois, une porte s’ouvre, une main happe un gueux, il entre. Et les laissés-pour-compte voient bientôt le gueux triomphant en haut des murailles, l’entendent crier « Gardez courage », et tous continuent leur ronde implorante. Les plus heureux, ceux qui ont connu l’élu, qui l’ont vu entrer, en parlent longtemps autour d’eux, s’attribuent un peu de sa réussite, et tous gardent espoir. Un jour, la porte s’ouvrira pour eux.


Il n’y avait jamais de porte pour Raymond. Il avait, lui aussi, étalé son dossier de lettres de refus, et en comparait le contenu avec celui de Blandine : mêmes regrets, mêmes vagues encouragements, mêmes conseils, mêmes souhaits de le voir disparaître.

Ils évoquaient leurs souvenirs, comme d’anciens étudiants parlent de leur vieille faculté. Le minuscule escalier et les portes bleues de L’Olivier. L’odeur de soupe et de moisi, à l’entrée des Éditions de Minuit. Tous ces échecs avaient soudain leur charme.

Les heures passaient, l’euphorie les gagnait. Entre miséreux, le monde devenait plus beau. Ils exhibaient en riant les lettres les plus vexatoires. Ils se montraient leurs plaies, comme des lépreux hilares. Grasset n’avait pas aimé le recueil de Blandine : ils se concentraient exclusivement sur les textes qui les enthousiasmaient par leur force, leur originalité, leur style. En toute franchise, ils n’avaient pas ressenti cet élan dans le cas présent. L’Arpenteur expliquait à Raymond que son texte n’entrait pas du tout dans la catégorie des textes qu’on désirait publier. Refuser les auteurs ne suffisait pas, il fallait les blesser pour éviter toute nouvelle tentative d’intrusion, peut-être même d’écriture. (................)
Dans les prochains billets, nous parlerons donc des façons d'entrer dans la citadelle. Il arrivera aussi que je parle d'autre chose, pour ne pas lasser. A bientôt !


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